Aux Pays-Bas, les opposants au couvre-feu ont organisé des manifestations qui ont dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Dans les grandes villes comme Amsterdam, Rotterdam et La Haye, mais aussi dans d'autres localités (Amersfoort, Geleen, Den Bosch, Haarlem...), le couvre-feu imposé ce week-end pour la première fois dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale a donné lieu à de violentes émeutes, entre affrontements avec les forces de l'ordre et actes de vandalisme contre des commerces. Les protestations avaient commencé à petite échelle samedi soir, et un centre de dépistage de la Covid-19 avait été incendié dans le village d'Urk, dans la région conservatrice protestante dite de la « ceinture de la Bible » dans le nord du pays. Elles se sont étendues dimanche, et les forces de l'ordre ont eu recours aux canons à eau, aux grenades lacrymogènes et à la police montée à Eindhoven (sud), Rotterdam ou Amsterdam. La colère s'est ensuite diffusée dans tout le pays. Selon Sputnik, l'agence de presse russe, une telle explosion sociale ne sort pas de nulle part. Ces violences sont à l'intersection de différents griefs exprimés depuis longtemps par différentes catégories sociologiques. Le parallèle avec le mouvement des Gilets jaunes en France ne fait d'ailleurs pour lui aucun doute. Pour le sociologue Diederik Boomsma, les Néerlandais éprouvent un attachement particulier pour les libertés individuelles. Cela peut expliquer en partie pourquoi il est pour eux difficilement concevable que le gouvernement leur dicte leur manière de vivre. Ce mécontentement s'est greffé sans peine sur des problèmes socio-économiques de fond qui dépassent largement le cadre de la lutte contre la pandémie. «Les mesures restrictives ont été les catalyseurs d'un courant plus large de mécontentement. Ces manifestations sont aussi un cri d'alerte des classes moyennes qui vivent une forme de déclassement et une pression économique insoutenable. Ce à quoi il faut ajouter un sentiment de crainte vis-à-vis d'une immigration que beaucoup jugent néfaste», explique Diederik Boomsma. D'après lui, les violences et les manifestations sont «parties pour durer», tant les motifs de mécontentement sont nombreux, touchant d'innombrables catégories de la population néerlandaise.