L'Algérie et l'Afrique du Sud s'activent à plein régime pour supprimer ou amender la résolution 693, qui a été adoptée par le sommet africain de Nouakchott en 2018, ont déclaré des sources diplomatiques. Une source diplomatique bien informée au siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, qui a demandé l'anonymat, a rapporté que le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait fait pression pour enterrer l'esprit de cette décision lors de sa visite du 11 janvier à Pretoria, en Afrique du Sud. La résolution 693 reconnaît que la question du Sahara relève de la responsabilité exclusive des Nations Unies. Elle a établi un mécanisme africain comprenant la Troïka de l'UA, dont le rôle se limite à «apporter un soutien efficace aux efforts menés par l'ONU». D'autres sources ont exclu que l'Afrique du Sud et l'Algérie réussissent dans leurs efforts, notant que Cyril Ramaphosa, président à la fois de l'UA et de l'Afrique du Sud, avait cédé sous les réclamations auxquelles il a été confronté en décembre 2020 lors du 14e sommet extraordinaire de l'UA sur le silence des armes en Afrique. Le président Ramaphosa n'a pas eu d'autre choix que de reconnaître la validité de la résolution. Néanmoins, des sources ont noté que les déclarations officielles seraient en contradiction avec les intentions cachées du dirigeant sud-africain, qui affronte localement plusieurs scandales. Le représentant permanent de l'Afrique du Sud auprès de l'ONU avait adressé le 29 décembre 2020 une lettre au Secrétaire général de l'ONU, relative à ce qu'il a appelé «les décisions de la quatorzième session extraordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine, sur le thème "Faire taire the armes", y compris une décision sur la question du Sahara.», un document qui a déclenché une forte réaction marocaine. Le Représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, Omar Hilale, a pour sa part adressé une lettre au Secrétaire général de l'ONU et au président et aux membres du Conseil de sécurité, dans laquelle il dénonçait les manœuvres et les tactiques trompeuses de l'Afrique du Sud sur la question du Sahara. Dans sa lettre, Hilale a souligné que la correspondance sud-africaine suggère à tort que le sommet extraordinaire de l'UA consacré à la vision «Faire taire les armes» était exclusivement dédié à la question du Sahara, alors que la réalité est totalement différente. L'approche sud-africaine pour isoler la question du Sahara révèle une double tentative, au niveau procédural et substantiel, de tromper le secrétaire général de l'ONU et le Conseil de sécurité, a expliqué le diplomate marocain. Au niveau procédural, la décision et la déclaration du 14e sommet extraordinaire de l'UA se composent de 57 paragraphes, dont un seul traite de la question du Sahara, a-t-il déclaré, ajoutant que le libellé de ce paragraphe est de nature déclaratoire et n'est en aucun cas opérationnel. Au niveau du fond, l'ambassadeur Hilale a précisé que l'Afrique du Sud avait sciemment ignoré un ensemble de questions discutées et incluses dans la décision et la déclaration du Sommet extraordinaire de l'UA, telles que les menaces et les conflits qui entravent le développement du continent africain, les politiques audacieuses et structurelles lancées et les avancées économiques prévues, telles que la zone de libre-échange continentale africaine. L'objectif inavoué de l'Afrique du Sud est d'attirer l'attention du Secrétaire général et du Conseil de sécurité sur une question parmi la quarantaine de sujets abordés lors du Sommet de l'UA au détriment des grandes préoccupations, attentes et espoirs du continent, a fustigé le diplomate marocain dans sa lettre, diffusée à large échelle.