Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, dont l'hospitalisation prolongée à l'étranger pour être soigné de la Covid-19 a provoqué une vive polémique dans son pays, est revenu en Allemagne le 9 janvier. «Il se peut que je subisse une petite opération au pied. Ma période d'absence sera courte et je suivrai de plus près la situation dans le pays», a déclaré le responsable politique mal élu, âgé de 75 ans, qui est apparu récemment visiblement amaigri, dans un «message» relayé par des médias algériens. «Je suis quotidiennement, et parfois heure par heure quand cela est nécessaire, ce qui se passe au pays. Et je donne, quand il le faut, des instructions à la présidence», a précisé récemment. Toutefois, son absence prolongée avait engendré rumeurs et craintes. L'algérie dans l'impasse Dès le 24 octobre, Abdelmadjid Tebboune, fumeur invétéré, s'était mis volontairement à l'isolement après avoir été en contact avec des responsables touchés par le coronavirus. Il a ensuite été admis le 28 octobre dans «l'un des plus grands établissements spécialisés » d'Allemagne «après avoir contracté le virus». Abdelmadjid Tebboune, contesté par une grande partie de l'opinion publique, incarne aujourd'hui un pays dans l'impasse et des institutions sans assise légitime réelle. L'incertitude politique avait poussé certaines voix «à réclamer l'application de l'article 102 de la Constitution, relatif à la vacance du pouvoir, afin d'éviter une crise institutionnelle». En cas de maladie ou de démission du président, il revient au Conseil constitutionnel de constater l'état d'empêchement du chef de l'Etat. C'est le président par intérim du Sénat, en l'occurrence Salah Goudjil, âgé de 89 ans, qui assurerait l'intérim pendant une période maximale de quatre-vingt-dix jours, en attendant l'élection d'un nouveau président. Pilier du régime, l'armée reste, elle, atone. Un an après la présidentielle, la situation politique est catastrophique : des militants du Hirak, des opposants politiques, des journalistes et des blogueurs proches de la contestation sont toujours la cible de poursuites judiciaires, quand ils ne sont pas en détention. Sur le plan macroéconomique, «l'Algérie voit fondre ses réserves de change, les liquidités s'assécher et un marché pétrolier toujours déprimé par la crise sanitaire». Selon les prévisions du Fonds monétaire international, l'Algérie devrait «subir une récession de 5,2 % en 2020 ainsi qu'un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région.» L'Algérie a épuisé toutes les possibilités offertes pour le financement du déficit, y compris la planche à billets, et le recours au financement extérieur sera «inéluctable» dans les prochains mois, malgré les assertions contraires du régime.