La justice britannique a rejeté lundi la demande d'extradition du fondateur de WikiLeaks Julian Assange vers les États-Unis, qui veulent le juger pour espionnage après la publication de centaines de milliers de documents confidentiels. Réclamé par les États-Unis, qui veulent le juger pour espionnage après la publication de centaines de milliers de documents confidentiels, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, ne sera pas extradé. Lundi 4 janvier, la justice britannique a refusé la demande américaine. Devenu pour ses soutiens un symbole du combat pour la liberté d'informer, l'Australien de 49 ans a été fixé sur son sort par la juge Vanessa Baraitser à la cour de l'Old Bailey, à Londres. Cette décision est susceptible de recours, si bien que la bataille judiciaire ne s'arrêtera sans doute pas là au Royaume-Uni. Reste à savoir quelle sera l'attitude de l'administration du futur président américain Joe Biden à l'égard du fondateur de WikiLeaks. Julian Assange se trouve sous le coup de poursuites lancées sous la présidence de Donald Trump. Sous son prédécesseur Barack Obama, qui avait Joe Biden pour vice-président, la justice américaine avait renoncé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks. Mais il y a tout juste dix ans, celui qui accédera dans moins d'un mois la Maison-Blanche avait comparé Julian Assange à un «terroriste high-tech». L'avocate Stella Moris, avec qui Julian Assange a eu deux enfants, a souligné dans une interview au journal allemand Der Spiegel, parue dimanche, qu'à la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh, où il est détenu, «il n'a vu aucun de ses avocats depuis mars». «La défense de Julian en a été sérieusement handicapée», a-t-elle dénoncé. Mais «la situation à la prison de Belmarsh n'est rien comparée aux conditions de détention auxquelles il serait soumis aux États-Unis s'il était extradé», a-t-elle affirmé. Une procédure «politique» L'Australien risque aux États-Unis 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Les États-Unis reprochent au fondateur de WikiLeaks d'avoir mis en danger des sources des services américains, accusation qu'il conteste. Parmi les documents publiés figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007, dont deux journalistes de l'agence Reuters. Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de WikiLeaks, a estimé que «le simple fait que cette affaire ait été portée devant les tribunaux, et qu'elle ait duré aussi longtemps, constitue une attaque historique à grande échelle contre la liberté d'expression». Pendant les cinq semaines d'audience en février et en septembre, les avocats de Julian Assange ont dénoncé une procédure «politique» fondée sur des «mensonges». Or, soulignent-ils, l'accord américano-britannique interdit selon elle «expressément» les extraditions pour les «infractions politiques». Julian Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans derrière les murs de l'ambassade d'Équateur à Londres, où il s'était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les États-Unis ou la Suède, où il a fait l'objet de poursuites pour viol qu'il conteste et qui ont depuis été abandonnées. Les conditions de détention du fondateur de WikiLeaks ont été dénoncées par le rapporteur de l'Onu sur la torture, Niels Melzer. Dans une lettre ouverte à Donald Trump le 22 décembre, ce défenseur de Julian Assange a demandé au président américain sortant de gracier le fondateur de WikiLeaks, qui n'est selon lui «pas un ennemi du peuple américain».