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Karima Benyaich au site El Español : «la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara rend justice au Royaume»
Publié dans Barlamane le 20 - 12 - 2020

Dans un entretien avec le site El Español appartenant au journaliste Pedro J. Ramírez, ancien directeur du quotidien El Mundo, l'ambassadrice du Maroc en Espagne aborde les questions les plus importantes dans les relations entre les deux pays.
Le site El Español, fondé par un ancien directeur du quotidien El Mundo, s'est entretenu, le 19 décembre, avec l'ambassadrice marocaine en Espagne sur plusieurs sujets : la fermeture de Ceuta et Melilla, le contrôle des frontières pour empêcher les flux migratoires, la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur la Sahara, le report de la rencontre maroco-espagnole pour le mois de février. Karima Benyaich, a tenu à souligner «l'excellente relation entre les deux pays» et leurs «liens bilatéraux indéfectibles».
L'ambassadrice marocaine s'est dite «satisfaite» que les États-Unis aient reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara : «Cette reconnaissance est quelque chose de naturel et marque un grand moment historique dans nos relations», a-t-elle dit. En outre, elle a annoncé que «le dix-huitième consulat dans les régions du sud ouvrira bientôt».
«Cette reconnaissance par les États-Unis s'est faite par le biais d'un décret présidentiel et est l'occasion de rendre justice au Maroc, un pays qui gère un conflit artificiel depuis 45 ans», a affirmé Mme Benyaich. Sur le point de savoir si l'arrivée de Biden à la Maison Blanche changera la donne, elle indique : «C'est un décret présidentiel américain. Et le Maroc, quelle que soit l'administration en vigueur à Washington, a toujours entretenu des relations exceptionnelles.»
D'autre part, l'ambassadrice rappelle que déjà à l'époque du président Clinton, «les États-Unis ont accueilli et souscrit à ce plan et de nombreux autres pays dans le monde y ont adhéré, et sont de plus en plus nombreux » parce que « le Front Polisario perd déjà beaucoup en termes de reconnaissance internationale», fait-elle valoir.
Mohammed VI et Felipe VI
Quant à savoir si l'Espagne suivra les pas des États-Unis en ce qui concerne le Sahara, Mme Benyaich espère que «de nombreux pays suivront la position des États-Unis, une grande puissance, qui est membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU». Cette reconnaissance survient «parce qu'il y a une réalité et elle contribuera aussi non seulement au développement des régions du sud du Maroc mais également au développement de la région africaine.»
Karima Benayich, en revanche, «que les relations entre les deux gouvernements [marocain et espagnol] sont bonnes », ajoutant qu'«entre les deux Maisons Royales, il y a toujours eu d'excellentes relations, des relations d'amitié et de fraternité. Et les relations entre les deux souverains, le roi Mohammed VI et le roi Felipe VI sont excellentes, fluides et amicales» a-t-elle détaillé. Elle ajoute que «ces derniers temps, depuis que la pandémie de la Covid-19 a éclaté (et même avant), les deux monarques ont des contacts réguliers pour échanger des informations sur la situation dans les deux pays, l'épidémie et les défis communs.»
S'agissant des relations gouvernementales, l'ambassadrice marocaines affirme qu'elles sont connu ces dernières années «une grande maturité». «Il y a un grand dialogue entre les deux pays à travers les chefs de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères, les Ministres de l'Intérieur, les Ministres du Commerce, etc. Les relations sont denses, multisectorielles, importantes. Nous sommes deux pays amis et voisins qui ne sont séparés que de 14 kilomètres», a-t-elle soutenu.
Elle souligne que «l'Espagne est le premier partenaire commercial du Maroc depuis sept ans, ce qui signifie que la relation entre les deux gouvernements est déjà structurelle. Avec plus d'un millier d'hommes d'affaires espagnols installés au Maroc et aussi avec des citoyens marocains qui travaillent et ont des entreprises en Espagne.»
Benyaich a également abordé la question de la réunion de haut niveau qui devait se tenir en décembre et qui a été reportée à février. Tout d'abord, elle précise que «ce n'était pas une annulation». Elle précise : «Nous avons décidé de reporter ce rendez-vous pour des raisons évidentes: la crise sanitaire. Personne ne peut prétendre qu'il ne sera pas ébranlé par ce virus. Et cette réunion est un moment historique pour nos deux pays. Ces réunions, régulièrement organisées, nous donnent la possibilité de continuer à fixer des jalons. C'est pourquoi nous voulions en ce moment se garantir la plus grande visibilité et dans les meilleures conditions. Raison pour laquelle elle a été reporté et ce report a été décidé conjointement par les deux pays.»
Concernant les prises de position de Pablo Iglesias, deuxième vice-président du gouvernement de coalition de gauche en Espagne, sur le Sahara, elle indique que «c'est une question qui concerne le gouvernement espagnol. La politique étrangère espagnole est menée par Pedro Sánchez, par l'intermédiaire du ministre des Affaires étrangères» et d'ajouter que Rabat «ne prend en compte que les déclarations officielles du gouvernement espagnol.»
Immigration
L'avalanche migratoire que les côtes espagnoles ont endurée au cours du mois de novembre est également une autre question centrale. La responsable marocaine a indiqué que «l'immigration est une question très sensible qui affecte le Maroc et l'Espagne en raison de notre situation géographique, l'Espagne et le Maroc sont tous deux victimes de mafias et de réseaux organisés qui utilisent des êtres humains pour faire leurs affaires. En ce sens, nous pouvons nous féliciter pour le relations entre les deux ministères de l'Intérieur, avec la commission mixte des migrations.»
Benyaich rappelle également que «chaque personne qui arrive en Espagne, 30 autres personnes restent au Maroc. Parce que le Maroc n'est plus seulement un pays de transit, mais un pays d'accueil », avant de rappeler que depuis 2013, le Maroc s'est doté «d'une politique de migration et d'asile et nous avons régularisé plus de 50 000 personnes. Parce que c'est un problème humain et qu'il ne doit pas être considéré uniquement sous l'angle de la sécurité.»
L'ambassadrice défend que le Maroc «a toujours collaboré et travaille pour contrôler ses frontières». Elle considère que le problème principal est «les mafias, qui s'adaptent très facilement». «Nous ne devons pas oublier que nous avons 3 500 kilomètres de côtes: 500 en Méditerranée et 3 000 en Atlantique. Et la surveillance de ces côtes est un coût élevé pour le Maroc, mais nous le faisons parce que nous sommes déterminés à collaborer avec l'Espagne et l'Europe». Cependant, la responsable considère qu'il s'agit d'un problème qui doit être traité «au niveau mondial». «Les routes méditerranéennes étant fermées, le coût de l'immigration clandestine est devenu très élevé. Les mafias ont demandé entre 2 500 et 5 000 euros pour utiliser ces routes, mais elles se sont détournées vers les côtes de notre côte sud et ont réduit les prix. Maintenant, elles demandent entre 400 et 800 dollars (entre 350 et 700 euros environ), tirant et exposant ces jeunes pauvres de différents pays, pas seulement du Maroc, mettant leur vie en danger pour leurs propres intérêts ».
Ceuta et Melilla
Une autre question épineuse : la situation de Ceuta et Melilla. Sur la question d'une co-souveraineté partagée avec l'Espagne sur les deux enclaves, l'ambassadrice affirme que cette question «n'a pas été abordée». «Parfois, des choses sont annoncées qui ne se concrétisent pas. Et ce que nous faisons, c'est travailler pour le développement de toutes [nos] régions.»
Benyaich rappelle que «la pandémie nous a touchés globalement, aucun de nous n'y était préparé. Ni les pays du sud de la Méditerranée ni ceux du nord de la Méditerrané». C'est pourquoi elle soutient «qu'il a été décidé de fermer les frontières de Ceuta et du Maroc, au vu des événements qui s'y sont produits. Elle précise que les deux monarques «se sont discutés, ainsi que les chefs de gouvernement et les ministres des Affaires étrangères. Il a été décidé conjointement de fermer les frontières pour empêcher la propagation du virus».


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