La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont fixé à dimanche la date butoir pour conclure un accord commercial post-Brexit, après avoir échoué à surmonter les divergences entre les deux camps lors d'un dîner mercredi à Bruxelles. Si le Royaume-Uni a formellement quitté le bloc communautaire en janvier dernier, il est resté intégré au marché unique et soumis aux normes européennes dans le cadre d'une période de transition qui prendra fin dans trois semaines. L'absence d'un accord sur les relations post-Brexit entre le Royaume-Uni et l'UE, en matière de commerce et d'énergie notamment, provoquerait un choc sur les marchés financiers et sèmerait le chaos dans les chaînes d'approvisionnement, ajoutant aux difficultés provoquées par la crise du coronavirus. "Nous sommes convenus que les équipes (de négociateurs) devaient immédiatement se réunir pour tenter de résoudre ces questions essentielles", a déclaré Ursula von der Leyen à l'issue du dîner, qu'elle a qualifié d'"animé et intéressant", avec Boris Johnson. Une décision sera prise d'"ici la fin du week-end", a ajouté la présidente de la Commission européenne, indiquant que les positions des deux camps demeuraient "très éloignées". Alors que les craintes d'un "no deal" s'amplifient, plus de quatre ans après que les Britanniques se sont prononcés en faveur de la sortie de l'UE, une personne haut placée au sein du gouvernement britannique a déclaré que les discussions à Bruxelles ont été "franches". "Des écarts très importants demeurent entre les deux camps et il n'est toujours pas sûr que cela puisse être surmonté", a dit cette source. Cette personne a ajouté que Boris Johnson ne voulait pas clore les discussions sans avoir envisagé toutes les voies possibles, après que le dirigeant britannique a prévenu plus tôt dans la journée qu'il fallait que l'UE fasse des concessions ou se prépare à une rude séparation. Parmi les points de contentieux figurent la pêche – une question particulièrement sensible pour la France -, la mise en place de mécanismes pour régler les futurs différends commerciaux et l'instauration de mesures anti-dumping. Environ 830 milliards d'euros d'échanges commerciaux annuels, actuellement libres de droits de douane ou quotas, sont en jeu. Londres et Bruxelles avaient décrit la réunion de mercredi comme la "dernière chance" pour sortir de l'impasse dans les négociations, tout en reconnaissant qu'un accord pourrait leur échapper. S'exprimant devant le parlement britannique avant de se rendre à Bruxelles, Boris Johnson a déclaré que l'UE voulait que Londres respecte à l'avenir de nouvelles règlementations européennes sous peine d'être puni et qu'elle "insistait" également pour que le Royaume-Uni abandonne sa souveraineté sur ses zones de pêche. Le Premier ministre britannique a ajouté qu'un "bon accord" pouvait toujours être conclu si Bruxelles retirait certaines de ses exigences, ajoutant que le Royaume-Uni serait prospère qu'un accord soit conclu ou non avec le bloc communautaire. Mais la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré dans la journée depuis Berlin que l'UE ne mettrait pas en péril l'intégrité du marché commun simplement pour accommoder le Royaume-Uni. "Nous devons avoir des conditions de concurrence équitables, non seulement pour aujourd'hui, mais pour demain et au-delà", a-t-elle dit devant les parlementaires allemands. "Sinon, des problèmes de concurrence déloyale se poseront, auxquels nous ne pouvons pas soumettre nos entreprises. C'est vraiment la grande question." Après plusieurs mois de négociations et d'ultimatums repoussés, les négociateurs européens et britanniques devraient à nouveau s'entretenir jeudi, en marge d'un sommet des "Vingt-Sept" à Bruxelles consacré à la lutte contre le changement climatique et au prochain budget pluriannuel de l'UE après le compromis trouvé avec la Pologne et la Hongrie.