Il y a deux semaines, le président turc avait dénoncé les déclarations du président français sur le «séparatisme islamiste». L'Elysée note de son côté «l'absence de message de condoléances» d'Erdogan après l'assassinat de Samuel Paty. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'en est pris avec virulence, samedi 24 octobre dans un discours télévisé, à son homologue français, Emmanuel Macron. L'homme fort d'Ankara a fustigé son attitude envers les musulmans de France, mettant en doute sa «santé mentale» et l'invitant à «se faire soigner». «Tout ce qu'on peut dire d'un chef d'Etat qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c'est : "Allez d'abord faire des examens de santé mentale"», a déclaré M. Erdogan, qui, il y a deux semaines, avait dénoncé comme une provocation les déclarations du président français sur le «séparatisme islamiste» et la nécessité de « structurer l'islam » en France. Les propos du président turc ont pour leur part été jugés «inacceptables» par l'Elysée : «Nous exigeons d'Erdogan qu'il change le cours de sa politique car elle est dangereuse à tous points de vue. Nous n'entrons pas dans des polémiques inutiles et n'acceptons pas les insultes», poursuit la présidence française, qui a annoncé le rappel de son ambassadeur à Ankara pour consultation. Longue liste de contentieux diplomatiques L'Elysée a par ailleurs noté «l'absence de message de condoléances et de soutien du président turc après l'assassinat de Samuel Paty », l'enseignant décapité il y a une semaine dans un attentat islamiste, à proximité de son collège de la banlieue parisienne. La présidence française relève aussi les « déclarations très offensives [de Recep Tayyip Erdogan] de ces derniers jours, notamment sur l'appel au boycott des produits français.» Ce contentieux vient s'ajouter à une longue liste de désaccords entre MM. Macron et Erdogan. Des tensions en Méditerranée avec la Grèce au conflit en Libye, en passant par les violences dans le Haut-Karabakh (où la Turquie soutient l'Azerbaïdjan contre l'Arménie), ce sont de nombreux dossiers qui opposent actuellement Paris et Ankara. «Depuis [qu'il a mené] son offensive en Syrie, la France n'a cessé de dénoncer le comportement du président Erdogan ; les dernières semaines nous ont donné raison», poursuit l'Elysée. Ce samedi, la France réclame de nouveau «que la Turquie mette fin à ses aventures dangereuses en Méditerranée et dans la région», au même titre qu'elle dénonce le «comportement irresponsable» d'Ankara dans le Haut-Karabakh.