La confrérie des tidianes, l'une des plus influentes du Sénégal, a annoncé le 13 octobre qu'elle n'organisera pas fin octobre son traditionnel grand rassemblement à Tivaouane, pour cause de coronavirus. Ce pélérinage réunit, chaque année, des centaines de milliers de fidèles tidianes. Depuis 1902, des milliers de pèlerins se rendent chaque année à Tivaouane, l'un des principaux centres de la confrérie au Sénégal à environ 90 km à l'est de Dakar, pour le « Gamou », appellation locale du Maouloud (ou Mawlid), fête musulmane célébrant la naissance du prophète Mahomet, prévue cette année le 28-29 octobre. Les Tidianes, qui représentent 49% des musulmans du pays, avaient maintenu leurs mosquées fermées malgré l'autorisation de réouverture des lieux de culte en mai dernier. En raison de la pandémie de Covid-19, le khalife général des tidianes de Tivaouane, Serigne Babacar Sy Monsour, a « jugé utile et salutaire d'inviter les fidèles à célébrer le Maouloud de cette année dans l'intimité de leur foyer », a déclaré son porte-parole lors d'une conférence de presse très attendue au Sénégal. « Rien ne lui ferait plus plaisir que de pouvoir communier avec vous à nouveau, mais à l'impossible nul n'est tenu », a-t-il ajouté, en évoquant la « malédiction » du Covid. « Ce qui lui importe, ce n'est ni la lettre, ni le nombre de fidèles mobilisés, mais l'essence de cette commémoration », a ajouté le porte-parole du khalife. « Il nous invite à célébrer autrement cette année », « sans bain de foule ». Depuis l'apparition en mars du nouveau coronavirus au Sénégal, qui a enregistré 315 morts, les tidianes observent une attitude prudente. L'autre grande confrérie soufie du pays, celle des mourides, a ouvert ses lieux de culte en juin et maintenu son plus grand événement religieux le « Magal ». Celui a eu lieu le 7 octobre faisant converger des centaines de milliers de fidèles vers la ville sainte de Touba (centre-ouest), en dépit des gestes barrières préconisés par les autorités civiles et religieuses. Pour le chef des tidianes, il faut obéir aux recommandations des médecins et « il existe 1.000 façons de rendre grâce à Dieu », a dit son porte-parole. « Une prière à l'adresse d'un malade cloué sur un lit d'hôpital peut avoir plus de bénéfices que nos propres actes de dévotion. Une pensée et un encouragement pour nos médecins, nos aides-soignants, qui depuis huit mois n'ont pas de répit, peut être une autre forme de célébrer le Maouloud », a-t-il ajouté.