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La Constitution de «l'Algérie nouvelle» destinée à enterrer le Hirak populaire
Publié dans Barlamane le 14 - 10 - 2020

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, engagé à réviser la Loi fondamentale, modifiée à plusieurs reprises depuis l'indépendance, a concocté un texte retaillé sur mesure pour assoir son pouvoir et enterer le Hirak.
Il s'y était engagé lors de son investiture mais pas pour les bonnes raisons. Un référendum sur une révision de la Constitution algérienne, promis par le président Abdelmadjid Tebboune, sera organisé le 1er novembre, avait annoncé le 24 août la présidence dans un communiqué.
Le texte, deux semaines avant le référendum est l'objet de nombreux conflits d'interprétation parmi les élites politiques. Pire, il ne met aucunement en cause les principes des anciennes constitutions, exigence centrale du Hirak : le rôle politique et social de l'armée et le vrai multipartisme.
«Il a été décidé de fixer la date du 1er novembre 2020 pour la tenue du référendum sur le projet de révision de la Constitution», précise le texte. Le 1er novembre est le jour anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance de l'Algérie (1954-1962).
Ce projet est censée répondre aux exigences – dans le cadre de la «nouvelle République» promue par Abdelmadjid Tebboune – du Hirak, le mouvement de protestation populaire inédit qui appelle incessement à un changement du «système» politique en place depuis 1962. Sauf qu'en vérité, le régime algérien veut en finir avec ce sursaut populaire qui a menacé ses bases déjà chancelantes.
Toutefois, le texte du président contesté peine aujourd'hui à convaincre opposition et société civile. L'avant-projet de la réforme distribué aux partis politiques, aux syndicats et aux représentants de la société civile, pour consultations, a été largement critiqué. L'autoritarisme actuel du régime algérien a poussé la rue a réclamer un processus de démocratisation rapide. Le régime s'est révélé d'une grande brutalité envers les piliers du Hirak. Quant à la réalité du pouvoir en place, l'état-major de l'armée et les services secrets, les partis politiques jouant plutôt un rôle de façade, pendant que l'influence des hommes d'affaires reste prégnante. Des réalités que rejette le Hirak populaire qui réclame la fin de cette situation qui perdure.
En janvier, Tebboune a ainsi désigné une commission d'experts avec la mission de formuler des propositions pour réviser la Loi fondamentale. Cette commission a remis ses travaux fin mars, mais la première mouture des propositions n'a été rendue publique que le 7 mai en raison de la pandémie de Covid-19 qui a meurtri des secteurs entier de l'économie algérienne.
Le document, rejeté par la sphère politique hostile au régime, comporte 73 recommandations réparties en six grands axes, dont «le renforcement de la séparation des pouvoirs», qui concerne les prérogatives du président, du chef du gouvernement et du Parlement, mais aussi le pouvoir judiciaire et la lutte contre la corruption. «Une coquille vide» fustigent les activistes algériens.
«Déficit de légitimité»
Pour son spectacle constitutionnel, Tebboune a également nombre de figures politiques – certaines considérées comme issues de la contestation – afin de recueillir leur avis en vue d'une «Constitution consensuelle». Les premières réactions étaient mitigées et dénonçaient une manœuvre pour étouffer le souffle du changement.
Une plate-forme de partis et d'associations liés au Hirak, regroupés au sein du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD), a ainsi critiqué le projet. Le PAD considère que la mise en place des revendications «légitimes» du peuple ne peut se faire qu'à travers des «institutions de transition», dont une nouvelle Constitution, et non une révision de celle présidentialiste héritée des vingt ans de règne d'Abdelaziz Bouteflika. «La crise de légitimité qui frappe le régime depuis l'indépendance ne peut être réglée par des mesures de replâtrage», a indiqué le PAD.
«L'actuelle Constitution, avec du fard»
Parmi les propositions de Tebboune, le président ne pourra exercer plus de deux mandats «consécutifs» ou «séparés», et le premier ministre rendra des comptes à l'institution parlementaire.
Elu au suffrage universel direct, le président détient le pouvoir de nomination au sein des institutions : du premier ministre aux organes sécuritaires, en passant par les chefs de l'armée.


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