Jalila Sbaï, historienne de renom, fut chercheuse associée à la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France. Elle est l'auteur de La Politique musulmane de la France (CNRS Éditions), paru en 2018. L'historienne marocaine Jalila Sbaï est morte ce 7 octobre, a annoncé Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). Diplômée d'arabe, de relations internationales et de sociologie, Jalila Sbaï fut chercheuse associée à la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France. Elle a enseigné pendant plusieurs années à l'Institut national des langues et civilisations orientales, un établissement français d'enseignement supérieur et de recherche dédié aux langues et civilisations autres que celles originaires d'Europe occidentale. Dans son dernier livre, La politique musulmane de la France, Jalila Sbaï a retracé les profondeurs de la «question musulmane» en France, qui connaît depuis la fin des années 2010 un regain de visibilité. Dans son livre, elle aborde la question du califat en passant par celle de Palestine, des mandats, tout en évoquant les débats idéologiques du moment. Elle y relate également la présence de l'islam en France parallèlement à l'occupation puis à la colonisation de l'Algérie, de 1830 à 1962, et à l'instauration des protectorats de la Tunisie, de 1881 à 1956, et du Maroc, de 1912 à 1956. Ses travaux sur l'islam sont une référence pour les historiens, les sociologues et les politologues. Ses écrits, abondants, traitent de sujets multiples et sont fondés non seulement sur des données textuelles mais sur des ethnographies du vécu des différents phénomènes de la société. Elle a longtemps combattu l'idée selon laquelle l'islam serait une religion difficile à intégrer dans le paysage cultuel français, tout en affirmant que les religions en France ont, tour à tour, bénéficié de la richesse des courants migratoires. Ses interventions sur l'organisation du culte musulman en France restent très remarquées. Mme Sbaï a toujours invité à ne jamais renoncer à dialoguer avec les religions, à travers les institutions représentatives Les pouvoirs publics, selon elle, ont vocation à protéger l'ensemble des domaines de l'activité religieuse sans pour autant remettre en question le partage historique qui s'est établi en France entre les domaines de compétence étatique et religieuse, particulièrement dans les matières sensibles relatives au statut des personnes.