Le Maroc a émis un emprunt obligataire sur le marché financier international (MFI) d'un milliard d'euros en deux tranches de 500 millions d'euros chacune. Selon Ahmed Zhani, économiste en recherche macro-économique et taux à CDG Capital, cette opération a connu un succès notable avec un carnet d'ordres dépassant les 2,5 milliards d'euros émanant de 197 investisseurs. Le Maroc n'a levé qu'un milliard d'euros afin de rembourser une tombée en devise prévue le mois prochain du même montant. « Sur le plan budgétaire, cette levée n'aura pas d'impact sur l'équilibre des finances publiques, et par ricochet, le Trésor sera amené à couvrir le reliquat de son besoin de financement aussi bien à travers des prêts bilatéraux et des tirages à l'international qu'à travers des émissions de bons du Trésor sur le marché local », précise Ahmed Zhani. Concernant les réserves de change, l'impact de cette levée sera neutre compte tenu de la sortie de devise du même montant, en remboursement de la tombée obligataire prévue en octobre 2020. A ce titre, l'économiste indique que l'endettement extérieur du Trésor public devrait augmenter en 2020, compte tenu de l'importance des besoins en financement et de la part importante du déficit que le Trésor a prévu de couvrir à travers des ressources extérieures dans le cadre de la LFR. « Sur un besoin de financement prévu pour 2020 de 82,8 MMDH, 52,6% ou encore 43,6 MMDH devraient être couverts par des financements extérieurs. A date, 25 MMDH ont été réalisés tenant compte de cette dernière opération », explique-t-il. Selon les estimations sur la base des levées nettes en devises prévues pour 2020, l'endettement à l'international du Trésor public devrait s'accroître de 27% en glissement annuel à 205,1 MMDH et de 14% du PIB en 2019 à 19% prévu en 2020. « Compte tenu de la faiblesse de la levée en comparaison avec les besoins importants du Trésor pour clôturer l'exercice 2020 estimé à 34,8 MMDH, la courbe des taux locale pourrait augmenter particulièrement au niveau des parties moyenne et longue. En effet, malgré l'assouplissement du cadre monétaire, qui devrait induire une pression à la baisse sur la courbe des taux, les opérateurs pourraient proposer des fourchettes plus élevées dans le cadre des prochaines opérations d'adjudication, notamment au cours des séances moyens et longs termes », détaille-t-il. A noter que la dernière sortie à l'international remonte à l'année dernière. Et ce, après une longue absence, depuis 2014, suite à un changement d'orientation visant à alléger les engagements en devises et à couvrir le besoin de financement sur le marché intérieur. En effet, d'une part, les besoins du Trésor se sont globalement réduits grâce à l'engagement de la réforme de la compensation à travers la libéralisation totale des prix des carburants et lubrifiants, et d'autre part, les réserves en devises du Maroc se sont améliorées suite à l'atténuation du déficit commercial, après le démarrage des exportations automobiles et la hausse des IDE.