Le Policy Center for the New South (PCNS) organise durant trois jours la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique, dans le contexte de crise Covid-19. Le Policy Center for the New South tient du 23 au 25 septembre à Rabat une édition spéciale virtuelle de la conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique, APSACO Talks. Le premier volet de cette conférence était centré sur le thèmes du «secteur de la sécurité en Afrique pendant et après la crise Covid-19». Au menu, le continent africain qui se trouve aujourd'hui au cœur de l'épidémie du coronavirus. L'accumulation de lacunes structurels tels que la faiblesse des États, l'aggravation du non-développement, l'inégal accès aux soins dans des contextes dégradés explique le danger de la pandémie du coronavirus et participe encore de l'identification de sa menace sur la sécurité. Durant cette séance, la plupart des intervenants ont affirmé «sur le continent africain, la diffusion du coronavirus s'est accrue par la présence de facteurs aggravants qui ont permis une relative prise de conscience des risques liés – en termes de sécurité notamment – à la progression de la pandémie». «La jeunesse africaine constitue le meilleur rempart pour faire face à la crise sanitaire liée à la Covid-19, notamment en termes de sécurité humaine», a déclaré le responsable de l'analyse et de la recherche sur l'Afrique subsaharienne à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (IESUE), Giovanni Faleg. La plupart des interventions, en anglais, ont été d'accord de dire que le problème du coronavirus en Afrique «relève tant d'une problématique en termes médicaux et épidémiologiques qu'en termes de réalités sociales, humaines et économiques». Dès lors, ont indiqué les participants, «s'il existe des facteurs propres qui contribuent à faire du coronavirus un enjeu de sécurité à l'échelle africaine, il importe d'en évaluer les implications, en particulier la recherche d'une solution définitive.» L'épidémie a touché l'Afrique quelques semaines après l'Europe, permettant aux autorités publiques d'adopter des mesures de prévention plus tôt. La plupart des gouvernements ont fermé leurs frontières et restreint les déplacements et les rassemblements publics sur leur territoire. Couvre-feu, état d'urgence, confinement, autorisations avant de se déplacer, tout l'arsenal a été utilisé. Ces mesures ont néanmoins connu quelques accrocs dans les quartiers les plus densément peuplés et les plus précaires, où les mesures sanitaires signifient un arrêt de mort. De par son ampleur, la pandémie du coronavirus «est en train de réduire à néant les maigres progrès sanitaires et sociaux réalisés en Afrique» alertent les intervenants, indiquant que la baisse du revenu des foyers, «la chute de la consommation et de l'épargne, combinée à un accroissement des dépenses publiques (notamment dans les domaines de la santé et de la sécurité), sont autant de facteurs qui engendrent une diminution remarquée du produit national brut (PNB) et un ralentissement de la croissance économique». Le coronavirus a touché l'ensemble des groupes sociaux. L'effondrement de l'environnement économique et social risque de toucher de plein fouet les capacités des États africains, «déjà largement déliquescents et aux structures de santé publique souvent délabrées, à faire face aux multiples défis posés par l'extension de la pandémie» a-t-on souligné. La question du coronavirus «tend ainsi à se transformer en véritable objet de débat politique», puisqu'il est en effet indéniable que les graves retombées sur les sociétés et les économies africaines de la crise sanitaire «remettent en cause la capacité de l'État à assurer son rôle de protecteur de la population, surtout les couches les plus vulnérables». En Afrique subsaharienne, le coronavirus est considéré comme un «phénomène accentuant les graves problèmes préexistants.» En Afrique, a-t-on souligné, la corrélation entre la carte du coronavirus et les zones de conflit permet de faire une nouvelle lecture. «La perception stratégique du coronavirus comme un enjeu de sécurité en Afrique ne souffre d'aucun doute.» Non seulement l'instabilité crée les conditions favorables à la propagation du virus, mais surtout l'explosion des contaminations peut contribuer à accroître l'insécurité à l'avenir. Une étape supplémentaire est atteinte dans la perception des risques liés au coronavirus. En effet, d'une part, le rapport de cause à effet réciproque entre le coronavirus et les conflits est reconnu, mais on le qualifie. Il appelle ainsi toute l'attention et la vigilence de la communauté internationale envers le continent africain. Cette séance a évoqué la question du coronavirus en Afrique en tant que question de sécurité. Elle a permis de reconnaître que «le coronavirus [est] en passe de devenir le problème de sécurité numéro un en Afrique». Le Covid-19 constitue «une crise de sécurité, parce qu'il menace non seulement la vie des populations; mais aussi les institutions qui définissent et régentent le caractère d'une société», a-t-on précisé. Le lien entre la crise de santé publique et la sécurité en temps du coronavirus est manifeste Les intervenants ont souligné le lien entre la crise de santé publique et la sécurité en Afrique, entre la contagion et l'instabilité socio-économique. Les grands volets déclinés dans ce webinaire concernent l'effet de l'épidémie sur la santé publique en Afrique, ses conséquences sur la population et, enfin, sur la récession économique. Ainsi le coronavirus constitue-t-il un élément potentiel d'insécurité pour les pays africains. Le cap du 1.400.000 de cas de coronavirus a été franchi en Afrique, continent qui, selon les chiffres, reste cependant le moins touché dans le monde et où la répartition des cas est très inégale. Selon les chiffres compilés par barlamane.com jeudi 23 septembre, quelque 1 420 629 cas ont été enregistrés sur l'ensemble du continent, avec au moins 34 327 décès. À enjeu continental, réponse continentale Toutes les forces de la puissance publique doivent mener le combat contre le coronavirus. «Les États doivent s'appuyer sur des relais locaux, organisations non gouvernementales (ONG) et autres intervenants du secteur privé», a-t-on indiqué. Les obstacles apparaissent, surtout, autour de la question du traitement des malades. «Si le coronavirus en Afrique constitue une menace à la paix et à la sécurité, il devient évident que la lutte contre ce fléau devait associer traitement des malades et prévention afin d'enrayer la progression du virus». L'appel à une action urgente face à une menace à la paix et à la stabilité africaine est nécessaire, a-t-on conclu.