Deux jours après le coup d'Etat, les dirigeants de la Cédéao, réunis en sommet extraordinaire jeudi, ont, de nouveau, réclamé le «rétablissement» d'Ibrahim Boubacar Keïta «en tant que président de la République» du Mali. La junte qui a renversé mardi le président malien Ibrahim Boubacar Keïta va mettre en place «un président de transition», qui sera «un militaire ou un civil», a affirmé, jeudi 20 août, son porte-parole, le colonel-major Ismaël Wagué, dans une interview sur France 24. «On est en contact avec la société civile, les partis d'opposition, la majorité, tout le monde pour essayer de mettre en place la transition», a-t-il fait savoir. «Ça va être une transition qui va être la plus courte possible», a assuré M. Wagué, alors que le second mandat du président Ibrahim Boubacar Keïta, qui a annoncé qu'il quittait ses fonctions dans la nuit de mardi à mercredi, quand il était aux mains des putschistes, devait s'achever en 2023. Ce n'est «pas une histoire de 2023-2022», il faut «finir cette transition le plus vite possible et, nous, on va retourner à autre chose», a dit le colonel-major, l'une des figures du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui dirige actuellement le pays. La junte a, plus tard dans la soirée, annoncé que les frontières aériennes et terrestres du Mali, fermées depuis le coup d'Etat mardi, vont rouvrir dès vendredi à minuit. «Le comité rassure les populations que toutes les mesures sécuritaires sont prises en vue d'assurer la bonne circulation des personnes et de leurs biens», selon un communiqué lu par le présentateur du journal de l'ORTM. «Le niveau de corruption était trop élevé» Le porte-parole a réfuté l'idée que le président Keïta, qui avait affirmé n'avoir pas d'autre choix, avait démissionné sous la contrainte. «Il n'avait pas le choix parce que lui-même a vu comment les gens souffraient, a-t-il déclaré. Ça ne veut pas dire qu'il n'avait pas le choix parce qu'on avait braqué des armes sur ses tempes.» Il a toutefois justifié une nouvelle fois l'intervention des militaires par l'existence d'un «blocage au niveau du pays» depuis longtemps. «Une partie de la population souffrait. Au niveau même de la défense, il y avait beaucoup de dysfonctionnements dans l'armée. Les militaires n'étaient plus en mesure de faire leurs missions régaliennes. Le niveau de corruption était trop élevé. Je vous dis clairement, je préfère éviter le mot "coup d'Etat" parce que ça n'en est pas un.» Quant au sort de l'ex-dirigeant malien, «ce n'est pas à nous de décider. [C'est au] système judiciaire de décider. Ce n'est pas notre travail.» La Cédéao réclame le «rétablissement» de Keïta Mais les dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis en sommet extraordinaire jeudi, ont de nouveau réclamé le «rétablissement» d'Ibrahim Boubacar Keïta «en tant que président de la République» du Mali. La Cédéao a également annoncé l'envoi d'une délégation à Bamako en vue d'un «retour immédiat à l'ordre constitutionnel». «Le Mali est dans une situation critique, avec des risques graves qu'un affaissement de l'Etat et des institutions n'entraîne des revers dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé», a regretté le chef de l'Etat du Niger, Mahamadou Issoufou, qui assure la présidence tournante de la Cédéao, rappelant aux putschistes «leur responsabilité sur la sûreté et la sécurité du président Ibrahim Boubacar Keïta et des officiels arrêtés». La Cédéao avait déjà annoncé, mercredi, la suspension du Mali de ses organes de décision.