Au Maroc, le poids de l'emploi informel est évalué par l'OIT à 79,9%, une estimation globalement en ligne avec les résultats des enquêtes sur l'emploi du HCP, rappelle le rapport annuel de BAM. Ces derniers indiquent en effet que plus de trois actifs occupés sur quatre ne bénéficient pas d'une couverture médicale dans le cadre de leur travail et que 77,6% ne sont pas affiliés à un système de retraite. Dans le même sens, près de la moitié des emplois sont vulnérables, part atteignant 70,7%4 en milieu rural. Au cours de la période 2016- 2019, une bonne partie des emplois créés l'aurait été dans des branches d'activité où l'informel est relativement répandu, en particulier le « commerce de détail hors magasin » et les « services personnels et domestiques » qui ont été à l'origine de 63,4% des créations enregistrées dans le secteur des services. L'emploi informel concerne davantage les hommes que les femmes et est particulièrement répandu dans le secteur agricole où il représente 90,9% contre 80,3% dans les services et 72,5% dans l'industrie y compris l'artisanat. Hormis les aides familiales, les travailleurs à leur propre compte constituent la catégorie professionnelle la plus touchée par l'informalité, avec un taux de 94% suivis par les salariés (69,4%) et les employeurs (66,6%). L'ensemble de ces constats laisse conclure que des actions d'envergure restent nécessaires pour intégrer l'informel dans les activités formelles et ce, pour garantir un travail décent pour tous et accélérer le développement inclusif. Le Maroc a pris plusieurs mesures pour assurer cette intégration portant notamment sur des incitations d'ordre fiscal, des tentatives de réduction des paiements en espèces ou encore la mise en place, en 2015, du statut de l'auto-entrepreneur avec essentiellement une forme juridique et une fiscalité simplifiées. Toutefois, l'informalité est une problématique complexe qui nécessite des solutions plus globales au-delà de la dimension fiscale. Comme le montrent certaines études du FMI en la matière ainsi que quelques expériences réussies au niveau international, d'autres voies peuvent être explorées, basées notamment sur la protection sociale, davantage de flexibilité dans les modalités de contractualisation des employés, la lutte contre la corruption et une plus grande exploitation des opportunités qu'offre le digital notamment en matière de moyens de paiement.