Pendant la pandémie de Covid-19, les pouvoirs publics dans un grand nombre de pays, à l'image du Maroc, ont mis à profit la technologie mobile pour fournir un appui financier et une assistance sociale notamment aux populations les plus démunies, indique le Fonds monétaire international (FMI). "Au Maroc, les travailleurs de l'économie informelle reçoivent des aides publiques par le biais de leurs téléphones portables de manière rapide et efficiente", souligne l'institution internationale dans une analyse consacrée à l'apport des paiements mobiles face au défi de fournir rapidement un appui financier à ceux qui ont perdu leur emploi durant la crise sanitaire. Selon le FMI, le confinement, les mesures de distanciation physique, les dispositifs de protection sociale lacunaires et, surtout dans les pays à faible revenu, la taille importante de l'économie informelle rendent la tâche d'autant plus complexe. Notant que les données manquantes sur la situation d'emploi et la distinction floue entre les entreprises et les particuliers dans l'économie informelle entravent la mise en œuvre de politiques de marché du travail efficaces, les auteurs de l'étude soulignent que les pouvoirs publics ont misé sur les transferts monétaires pour renforcer leurs dispositifs de protection sociale tout en s'efforçant d'en élargir leur couverture. En Afrique subsaharienne, plus de 80% mesures annoncées depuis le début de la pandémie ont pris la forme de transferts et seulement 4 % de politiques de marché du travail. À l'échelle mondiale, 30 % de toutes les initiatives prises par les pays relèvent de transferts monétaires. L'argent mobile reste un moyen efficace, et conforme aux règles de distanciation physique, pour effectuer des transferts monétaires à grande échelle, compte tenu du nombre très élevé de détenteurs et d'utilisateurs de téléphones mobiles dans les pays émergents et les pays en développement. Au plan mondial, il existe en effet 228 points de services d'argent mobile (de petits commerces où les clients peuvent déposer ou retirer des fonds de leur compte mobile, ou acheter du crédit) pour 100 000 adultes, contre seulement 11 banques et 33 distributeurs automatiques de billets. L'argent mobile peut donc aider les populations rurales et éloignées à accéder aux programmes publics de transferts sans devoir parcourir de longues distances ou faire la queue et sans même disposer de compte en banque, un avantage crucial dans un monde où 1,7 milliard de personnes n'ont toujours pas accès aux établissements financiers formels. Le FMI note toutefois que l'argent mobile présente des "risques et des limites". Les personnes dans les régions rurales et reculées n'ont pas forcément accès à un réseau mobile, aux agents d'argent mobile ou tout simplement à l'électricité. L'échange de l'argent mobile contre des espèces peut encore être onéreux. Par ailleurs, il est avéré que l'illettrisme numérique et financier peut faire obstacle à l'utilisation des services mobiles numériques. Aussi, l'institution financière internationale estime-t-elle important de veiller à ce que l'accélération des services d'argent mobile ne présente pas plus de risques (cyber-risques et fraude numérique, notamment) qu'elle ne présente d'avantages. Indépendamment de la crise, nombreux sont les pays qui ont cherché, selon la même source, à dynamiser les plateformes de paiement mobile dans le but de réduire la corruption, d'accroître l'efficience et la transparence budgétaire, et d'élargir l'inclusion financière, surtout pour l'économie informelle et les femmes. Dans ce sens, les pouvoirs publics et les entreprises ont été appelés à adopter "une approche globale qui tienne compte de toutes les composantes d'une plateforme d'argent mobile viable, y compris les parties prenantes et éléments conceptuels et stratégiques permettant d'en accroître les avantages et d'en limiter les risques". À mesure que les pays sortent progressivement de la crise pour retourner à une nouvelle normalité, le FMI juge enfin nécessaire la mise en place d'une stratégie publique plus globale ayant pour objectif de renforcer les systèmes de protection sociale à moyen terme grâce à la technologie.