L'état d'urgence décrétée dans plusieurs pays pour endiguer la propagation du coronavirus a exposé les couches sociales fragiles à plus de décadence. Le Maroc est l'un des premiers gouvernements qui se sont précipités à la mise en place de programmes d'aides ciblés, notamment via des transferts monétaires. Selon la Banque mondiale, «84 pays ont fait état de modifications de leur système de protection sociale en réponse à l'épidémie et 58 d'entre eux étendent leurs dispositifs de transferts monétaires. Dans le contexte de la crise actuelle, de nombreux gouvernements envisagent des versements directs aux ménages et aux petites entreprises, au-delà des mécanismes de protection sociale traditionnels». Ces nouveaux programmes d'aide couvrent jusqu'à un tiers de la population, comme c'est le cas en Argentine, au Pakistan et au Pérou, et, aux Philippines, plus de 70% des ménages recevront des transferts d'urgence. «La gageure que représente la réalisation de ces versements massifs aux personnes pauvres et aux travailleurs du secteur informel met en lumière les disparités des écosystèmes de paiement d'un pays à l'autre», relève l'institution financière mondiale. Alors que ceux qui possèdent déjà un système abouti pourront booster les transferts instantanément, dans les pays où les investissements dans les infrastructures et les systèmes de paiement de masse n'ont pas encore été réalisés et où les réglementations n'ont pas été modernisées, il sera plus difficile d'étendre à grande échelle les dispositifs de paiement de l'Etat et de maintenir l'accès aux services financiers. Conscients de l'importance de ces prestations alors que sévit la crise du coronavirus, de nombreux gouvernements imaginent des moyens inédits pour effectuer des transferts monétaires en toute sécurité à un nombre croissant de personnes. Une tâche rendue d'autant plus difficile que les interactions physiques sont fortement déconseillées. Lire aussi : Coronavirus : Cash Plus démarre le versement des aides sociales le 6 avril Certains pays pourraient facilement mettre en place des infrastructures à grande échelle en introduisant quelques modifications réglementaires, par exemple en autorisant les fournisseurs de monnaie électronique non bancaires existants à proposer des services de retrait. En outre, les pays qui ont davantage avancé dans les réformes peuvent accélérer l'entrée de nouveaux acteurs (via des licences d'émission d'argent pour les opérateurs de réseaux mobiles, par exemple) en mettant en place des cadres réglementaires adaptés et en facilitant l'interopérabilité. Au Maroc, grâce aux avancées réalisées ces dix dernières années en matière de systèmes d'e-paiement, l'opération d'aide de l'Etat aux ménages nécessiteux a été rendue plus facile. Les différentes plateformes de paiement électroniques, qui se chargent de la remise des aides sociales, ont entamé, dès le 6 avril courant, le versement des indemnités en faveur des ménages bénéficiaires du programme Moussanada, qui n'ont plus de revenus du fait du confinement obligatoire. Rappelons que suite à sa réunion du 23 mars 2020, le Comité de veille économique (CVE) s'est focalisé sur un certain nombre de mesures d'accompagnement en faveur des ménages impactés par les mesures de confinement, y compris ceux opérant dans le secteur informel. Ainsi, il a été décidé de traiter ce dossier en deux phases dont voici les détails : Première phase : les ménages Ramedistes opérant dans l'informel qui n'ont plus de revenus du fait du confinement obligatoire, peuvent bénéficier d'une aide de subsistance qui sera servie par le fonds Coronavirus, créé par Sa Majesté le Roi, déterminée comme suit : * 800 dirhams pour les ménages de deux personnes ou moins ; * 1000 dirhams pour les ménages formés de trois à quatre personnes ; * 1200 dirhams pour les ménages de plus de quatre personnes. Le chef de ménage Ramediste devra envoyer son numéro de carte RAMED par SMS, à partir de son téléphone portable, au numéro court suivant 1212. De même, les cartes Ramed qui seront acceptés sont celles qui étaient valides au 31 Décembre 2019. Notons que ces déclarations peuvent se faire à partir de lundi 30 mars 2020. La distribution des aides financières se fera progressivement à compter du lundi 6 avril afin de respecter les mesures préventives dictées par la pandémie. Le numéro 1212 peut également être appelé pour apporter l'assistance aux ménages et répondre à leurs réclamations éventuelles. En cette période de solidarité, et de grande mobilisation, toute déclaration volontairement non fondée est passible de poursuites judiciaires. Deuxième phase : Pour les non-ramedistes, opérant dans l'informel qui ont perdu leurs revenus à cause du confinement, les mêmes montants des aides leur seront accordés. Le lancement d'une plateforme électronique dédiée au dépôt des déclarations sera annoncé incessamment.