Même sans manifester comme ils ont l'habitude de le faire à chaque fois qu'ils le décident, les enseignants-stagiaires arrivent toujours à faire sortir de ses gonds le chef du Gouvernement Abdelilah Benkirane, et même un dimanche, censé être un jour de repos. Certes, ce dimanche ils sont restés tranquilles chez eux, mais ils sont arrivés quand même à le mettre en colère par ministre interposé, en l'occurrence, l'argentier du royaume Mohamed Boussaid. Ce dernier, vient encore chercher la petite bête à son patron en faisant cavalier seul dans un dossier, plus chaud que celui des retraites auquel tente de résister Benkirane. D'habitude, le chef du Gouvernement troquait son costume-cravate contre sa casquette de chef du PJD, les weekends pour régler ses comptes avec ses détracteurs en profitant des activités de sa formation politique, mais ce dimanche, c'est contre son ministre de l'Economie et des finances qu'il a tapé. Il a ainsi exprimé son « extrême étonnement » du contenu et du timing d'une correspondance attribuée à Mohamed Boussaid sur la situation des enseignants stagiaires. Pour ce faire, il a pondu un communiqué qui, il faut le préciser, a fait travailler les médias, même publics en ce dimanche et pour cause, les propos utilisés sont, on ne peut plus virulents. Il a ainsi qualifié d' « individuelle, entreprise sans concertation avec le chef du gouvernement », cette correspondance attribuée à Mohamed Boussaid en date du 30 mars 2016, en réponse à une lettre que ce dernier a reçu des présidents de deux groupes à la chambre des conseillers en date du 28 mars 2016, sur la situation des enseignants stagiaires. Une correspondance, qui selon le chef du Gouvernement, s'inscrit en faux par rapport à la solution proposée par le gouvernement concernant le dossier des enseignants stagiaires. Il a tenu à préciser à cet égard qu'il n'y a nul besoin d'émettre un décret ou une décision fixant les conditions et les modalités d'un concours de recrutement des lauréats des centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation au titre de l'année scolaire 2016-2017, comme annoncé dans la correspondance. A son ministre de l'économie et à tous ceux qui voudraient faire machine arrière, il a martelé que le gouvernement a tranché, rappelant qu'il a avait proposé une solution depuis plusieurs semaines via les canaux officiels, et qui porte sur un concours en deux étapes. Le premier devant être organisé dans le cadre des postes budgétaires prévus par la loi de finances 2016, alors que le deuxième dans le cadre des postes budgétaires qui seront créés en 2017. Et pour mieux enfoncer le clou, il somme son ministre de l'économie, sans le nommer, de ne pas agir en dehors de ce cadre «quelle qu'en soit la forme ». Ce communiqué dominical, se veut également une réponse aux dirigeants du PAM et de l'USFP respectivement Ilyas El Omari et Driss Lachgar qui, la veille avaient eux aussi pondu un communiqué appelant les groupes parlementaires à adhérer à leur proposition de loi portant modification de la Loi de finance 2016, et visant à augmenter de 7000 à 10.000 le nombre de postes budgétaires pour les enseignants-stagiaires. En bons citoyens et responsables politiques soucieux de « sauver » les 10.000 enseignants-stagiaires et les 160.000 élèves, ils affirment leur « sincère volonté de contribuer à la recherche d'une solution à ce conflit social ». A propos, c'est pour quand le scrutin législatif ?