La mort mercredi du leader d'Aqmi, Abdelmalek Droukdal, dans le nord du Mali, au cours d'une opération française, est « un beau résultat » mais « ne règle pas le problème du Sahel », explique un spécialiste de la région. Il était l'un des principaux chefs de la nébuleuse islamiste sahélo-saharienne depuis une vingtaine d'années, la mort du chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérien Abdelmalek Droukdal, est un « coup de pied dans la fourmilière » djihadiste dont l'impact reste encore à déterminer. Tout a été très rapide mercredi soir, le 3 juin, dans la zone de l'oued (lit de rivière) de Ourdjane, à deux kilomètres au sud du village de Talhandak, dans l'immense étendue désertique du grand Nord malien. Parmi les djihadistes tués : Abdelmalek Droukdal (également orthographié Droukdel), le leader d'Aqmi, mais aussi, selon l'état-major français, Toufik Chaib, « un haut cadre d'Aqmi chargé de la coordination et de la propagande de cette organisation terroriste ». Un autre « djihadiste a préféré se rendre sans combattre » et a été placé en détention, a ajouté le colonel Barbry. L'habitant évoque le même bilan: deux morts et un prisonnier. Abdelmalek Droukdal est loin d'être le seul leader djihadiste au Sahel : la région, endeuillée depuis 2012 par des violences qui ne cessent de s'aggraver, est la zone d'opérations de plusieurs groupes djihadistes. Il y a d'abord le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM selon ses initiales en arabe), lié à Al-Qaïda, dont fait partie Aqmi. Cette alliance formée en 2017 réunit aussi d'autres groupes, parmi lesquels les principaux sont Ansar Dine, dirigé dans le nord du Mali par Iyad Ag Ghaly, et la katiba Macina, fondée dans le centre du pays par Amadou Koufa. Dans la zone dite des « trois frontières » entre Niger, Burkina Faso et Mali, un autre groupe est très présent : l'État islamique au Grand Sahara (EIGS, affilié à l'EI), dirigé par Adnan Abou Walid Sahraoui. Depuis de nombreux mois, c'est dans cette région des trois frontières, dans le Centre malien et l'Est burkinabè que se concentrent les violences. « Sur le terrain, aujourd'hui, les groupes qui agissent le plus (ceux de Koufa et de Sahraoui, NDLR) ne sont pas sous la coupe de Droukdel », note Ibrahim Maïga, de l'Institut d'études de sécurité (ISS) à Bamako. Car ces problèmes sont légion : attaques récurrentes souvent à dimension intercommunautaire – au moins 26 villageois ont encore été tués vendredi dans le centre du Mali -, problèmes politiques – soupçons de détournements de fonds au Niger, contestation grandissante du pouvoir au Mali –, et des accusations d'exactions contre les armées nationales qui se multiplient.