Dans une question parlementaire adressée le 29 avril dernier, par une eurodéputée espagnole, le Parlement européen a interpellé la Commission européenne sur l'instrumentalisation par le pouvoir algérien des mesures de confinement pour restreindre la liberté d'expression et museler les voix dissidentes dans le pays. Cette sortie forte témoigne de l'inquiétude au sein de l'institution européenne au sujet de la situation politique en Algérie. Dans le contexte de la pandémie du nouveau coronavirus, la situation de détérioration des droits de l'Homme n'a fait que s'aggraver et beaucoup de députés européens sont montés au créneau pour réclamer des mesures urgentes afin de faire respecter les droits de l'Homme et libérer les militants et les journalistes incarcérés. Et ce, tout en interpellant l'Algérie sur l'immobilisme politique lié à cette question. Dans une question adressée au Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, l'eurodéputée espagnole du groupe des Libéraux, « Renew Europe » fondé en 2019, María Soraya Rodríguez Ramos, a affirmé que la situation des droits de l'Homme en Algérie est fort préoccupante. Son intervention s'inscrit dans la continuité d'une série de critiques véhémentes formulées par le Parlement européen à l'encontre du régime algérien. Ainsi au mois de novembre dernier des groupes politiques pourtant opposés, socialistes et conservateurs, se sont unis pour rédiger une résolution du Parlement européen dénonçant les multiples violations des droits humains et des libertés individuelles qui ont cours en Algérie. Ces violations des droits humains sont décrites très précisément dans le texte sans concession de la résolution qui détaille l'emprisonnement arbitraire de journalistes, les persécutions envers les minorités, ou encore la répression violente du régime envers les contestataires du Hirak, notamment des traitements inhumains ayant entraîné la mort en détention de manifestants battus « sauvagement ». A l'issue du vote en session plénière, cette résolution a été adoptée à la majorité des eurodéputés. Dans sa requête au sujet du monitoring de l'UE, l'eurodéputée Rodríguez Ramos déplore l'absence d'évolutions positives en Algérie depuis l'adoption de cette résolution en novembre dernier. Ce n'est pas la première fois que le Parlement européen s'intéresse à la situation des droits de l'homme en Algérie et demande des mesures de l'Union européenne pour faire respecter les libertés bafouées par le régime. Début avril, c'est l'eurodéputée belge et ancienne journaliste Frédérique Ries, qui interpellait la Commission européenne sur l'attitude irresponsable de l'Algérie à l'égard des camps de Tindouf et de sa faillite à garantir la protection sanitaire des populations séquestrées par le polisario « sur son sol et dont elle a pourtant la « responsabilité ». Cette faillite morale de la junte algérienne révélée par sa gestion ou plutôt son absence de gestion de la crise pandémique permet au polisario de poursuivre ses exactions. Il en résulte une « situation sanitaire alarmante », « un état catastrophique » des camps de Tindouf dont la responsabilité « incombe à l'Algérie ». A noter que cette série de dénonciations fait montre de la volonté de la nouvelle législature du Parlement européen d'aborder dorénavant ouvertement les questions politiques avec le régime algérien qui ne pourra pas compter sur la pandémie pour y échapper.