La feuille de route de la levée du confinement qui date du 5 mai, dont Barlamane.com détient une copie, indique que le confinement a contribué à l'aplatissement de la courbe épidémique au Maroc. Et ce, grâce à la baisse du taux d'attaque, de la létalité et des cas en réanimation. Selon la base d'un R0 [NDLR : taux de reproduction du coronavirus] de 2 à la date du 30 avril dernier, les mesures du confinement prises par le Maroc auraient permis d'éviter 300.000 à 500.000 nouveaux cas, 9.000 à 15.000 décès (estimés sur la base d'une létalité de 3%) et 4.650 à 7.750 de cas qui auraient nécessité des soins intensifs, apprend-on de la feuille de route de la levée du confinement réalisée par Mohamed El Youbi, patron de la Direction de l'épidémiologie et de la lutte contre les maladies. S'agissant du taux de reproduction au 5 mai dernier, la moyenne nationale est de 1,01. Rappelons que l'objectif premier des autorités sanitaires est de réduire le R0. Dans le cas du coronavirus qui est un virus très contagieux, le R0 serait de 2 à 3 voire plus. L'objectif est de le ramener à moins de 1. Si le R0 est supérieur à 1, un malade va contaminer plus d'une personne donc l'épidémie va prendre de l'ampleur. S'il est inférieur à 1, petit à petit les malades contaminent moins de personnes et donc l'épidémie peut s'atténuer voire disparaître. Les mesures de confinement ont également permis de baisser le taux d'attaque. Il s'agit d'un indicateur utilisé pour caractériser la morbidité d'une épidémie. Il peut se traduire par la vitesse d'accumulation de nouveaux cas : il correspond à un taux d'incidence cumulée. Il ne concerne pas le nombre de décès qui est estimé par la mortalité ou bien la létalité. Le taux de mortalité ne cesse de baisser pendant que le taux de guérison continue de grimper. Selon le draft élaboré par le ministère de la Santé qui détaille les scénarios d'une sortie du confinement, les données citées poussent les autorités à réfléchir à la levée du confinement. M. Lyoubi évoque plusieurs arguments, tels que l'impact socio-économique et sanitaire du confinement. « Le confinement pèse lourdement sur les autres morbidités, plus difficilement prises en charge dans le contexte épidémique sachant que le confinement pourrait être la source de l'apparition ou de l'aggravation d'autres morbidités (ex. troubles psychiques) », peut-on lire dans le document. Toutefois, ledit document précise qu'une levée de confinement n'est pas sans risque. Dans ce cadre, le draft du ministère de la Santé dresse deux scénarios. Le premier avec des sources des foyers professionnels et des collectivités fermées mais maîtrisées : la fin de cet épisode épidémique est prévue entre le 16 et le 22 mai avec enregistrement de cas sporadiques en moyenne entre 10 et 20 à la fin de l'épidémie. Le deuxième scénario table sur une évolution avec l'étalement de l'épisode épidémique dans le temps limité à certaines zones. D'autres risques sont liés à de nombreuses incertitudes, notamment la grande transmissibilité du virus, la proportion inconnue des formes asymptomatiques, la logistique de surveillance et de prise en charge, l'hétérogénéité de l'adhésion de la population aux mesures instaurées ainsi qu'une résurgence possible de l'épidémie après la levée du confinement. Ainsi, la sortie de confinement doit s'inscrire dans la stratégie de contrôle de l'épidémie jusqu'alors adoptée. L'objectif de contrôler l'épidémie devra rester de mise. Le document du ministère détaille également plusieurs objectifs spécifiques tels que la limitation de l'apparition de nouvelles infections et de nouveaux foyers. Il est également question d'éviter la diffusion communautaire du virus dans les régions avec des cas sporadiques et/ou de petits foyers et d'éviter la réintroduction du virus dans les régions l'ayant déjà éliminé. La feuille de route mentionne également plusieurs pré-requis avant la levée du confinement. Il est question ainsi de s'assurer de la capacité du système de santé à faire face à une éventuelle nouvelle vague épidémique et de répondre aux autres besoins de santé. Parmi les pré-requis : un système d'identification rapide et de prise en charge, aussi bien des cas que de leurs contacts en plus d'un système de surveillance épidémiologique capable de suivre les tendances et de détecter une reprise de l'épidémie. A noter que le ministère évoque la nécessité de mettre en place une gouvernance territoriale, en charge de la sortie de confinement. Le draft parle de l'impossibilité de poursuivre un confinement strict jusqu'à l'extinction des nouveaux cas mais met également en garde contre une sortie totale et brutale du confinement.