Les Français ne retrouveront « pas tout de suite et probablement pas avant longtemps » leur « vie d'avant » la crise du coronavirus, a averti dimanche le Premier ministre français Edouard Philipp. Alors que l'épidémie poursuit son ralentissement en France, avec 395 décès supplémentaires en 24 heures, mais un nombre de patients hospitalisés et en réanimation en reflux, « nous marquons des points » mais « nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire », a prévenu le Premier ministre. « Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus », a répété M. Philippe. Il n'a pas manqué de souligner que pour l'heure la population française était loin d'être immunisée, qu'aucun traitement n'était reconnu et qu'aucun vaccin n'était a priori attendu avant « mi-2021 » au plus tôt. Le quotidien des 67 millions de Français continuera d'être bouleversé. « Il n'est pas raisonnable d'imaginer voyager loin à l'étranger très vite », a indiqué M. Philippe. Le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy avait aussi averti que « les mariages, les anniversaires, le grandes réunions familiales devront être évités dans les mois qui viennent ». Sommé par Emmanuel Macron de présenter un plan de déconfinement avant la fin avril, avec l'appui du haut-fonctionnaire et maire Jean Castex, M. Philippe en a dessiné les grands principes aux côtés de son ministre de la Santé Olivier Véran. Mais il n'a pu entrer dans les détails. Les masques, et leur pénurie, restent un sujet de crispation majeur, alors que le plus gros avion-cargo du monde, l'Antonov An-225 Mriya s'est posé dimanche à l'aéroport de Paris-Vatry avec à son bord quelque huit millions de masques en provenance de Chine. Produits en France à 17 millions d'exemplaires par semaine d'ici le 11 mai, ils seront probablement rendus « obligatoires » dans les transports publics, répondant ainsi à la demande des principaux opérateurs de transports en commun. Anticipant une obligation, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé la distribution gratuitement aux Parisiens en pharmacie de 500.000 masques en tissu lavables dès la fin avril et de plus de 2 millions courant mai. Des traces « infimes » de coronavirus découvertes dans le réseaux d'eau non potable de Paris ont poussé la mairie de Paris à suspendre son utilisation pour nettoyer les rues ou arroser les parcs, tout en assurant qu'il n'y avait aucun risque pour l'eau potable. Pour le reste, M. Philippe est resté fort prudent sur les scénarios de l'après 11-mai, indiquant par exemple que plusieurs hypothèses étaient à l'étude pour la réouverture des écoles, « par territoire » ou « par moitié de classe ». Un certitude, « les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai », a réitéré M. Philippe. Alors que le PIB devrait reculer de 8% cette année, M. Philippe a martelé que la crise économique serait « brutale » et « ne fait que commencer », tout en rappellant les mesures d'aides.