«Dans le cadre de la mobilisation nationale vitale contre le Coronavirus et l'engagement médiatique décisif de la MAP contre la propagation du Covid-19», l'Agence marocaine de presse (MAP) informe les Marocains du lancement «conformément à sa loi 02-15 art. 3 et art. 14» de sa propre carte de presse professionnelle, dixit un communiqué de l'agence nationale que dirige Khalil Hachimi Idrissi. En a-t-elle-le droit ? Depuis la nouvelle mouture du gouvernement, la presse n'est plus régie par un ministère de la communication. Mais par le Conseil National de la Presse (CNP), pour, ainsi que le rappelle sa charte déontologique promulguée au bulletin officiel du 29 juillet 2019, autoréguler la profession, faire respecter la déontologie et également, entre autres prérogatives, délivrer les cartes professionnelles. C'est le décret N° 2.19.121, qui définit les modalités d'octroi et de renouvellement destinée au journaliste professionnel, et qui spécifie les documents requis pour le premier dépôt auprès du Conseil national de la presse pour l'obtention, par un journaliste, de la carte de presse ou son renouvellement. Lequel décret, est publié au Bulletin officiel du 28 mars 2019. Parmi les pièces maîtresses requises, figure le casier judiciaire. Une pièce exigée par les textes élaborés par le gouvernement de Saad Eddine El Othmani et non par Younes Mjahed ni Abdellah Bakkali. Or, nombre de ses journalistes de la MAP ne disposent pas de carte de presse du CNP car Hachimi refuse de présenter le casier judiciaire. Pourquoi ? S'agissant de la MAP, la loi N° 02.15 publiée au BO du 23 avril 2018 la régissant est « (…) composée de cinq chapitres répartis en 19 articles, comprend les dispositions d'ordre général, les missions et les activités, les organes d'administration et de gestion, et l'organisation financière et administrative de l'Agence ainsi que des dispositions finales. Ladite loi stipule que l'Agence, créée en vertu du Dahir portant loi n° 1-75-235 du 19 septembre 1977, maintient son statut d'établissement public dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière, et exerce, au profit de l'Etat, ses missions de valorisation de l'identité nationale, de renforcement du rayonnement du Maroc, de la représentation du Royaume auprès des instances nationales et internationales, et d'instaurer le débat public démocratique à travers l'organisation de rencontres intellectuelles et (…)ainsi que la diffusion de toutes informations jugées utiles par les autorités publiques pour le public (…) » En aucun cas cette loi n'autorise l'agence nationale à délivrer des cartes de presse ni à abreuver les citoyens d'informations erronées. Encore moins de détourner les textes de lois à des desseins obscurs. Pourquoi alors la MAP se fend-elle donc d'un communiqué où elle s'arroge le droit d'éditer des cartes de presse, surtout en ces temps troubles de pandémie où la cohésion totale doit être de mise ? Et où l'intérêt de l'Etat est d'abord sanitaire, sécuritaire, économique et social ? Sous le faux prétexte de servir l'intérêt général, Khalil Hachimi Idrissi, il faut le souligner, a choisi son timing pour se rebeller. Il a attendu le communiqué du ministère de la Culture et de la Jeunesse et des Sports de Hassan Abyaba qui interdit l'édition et la distribution de la presse papier en date du 22 mars, pour annoncer sa dissidence et tenter une main basse sur des prérogatives du CNP. En tant que DG d'une agence nationale financée par des fonds publics mis à sa disposition par le gouvernement en avait-il le droit ? N'y a-t-il donc pas un chef de gouvernement dans ce pays pour des mesures exceptionnelles si jamais elles devaient être prises ? N'y a-t-il pas plus urgent, en tant que diffuseur d'informations en ces temps de confinement, que de faire un « coup d'Etat » dans l'Etat à la manière d'Iznogoud qui voulait être calife à la place du calife ? N'y a-t-il pas vengeance dans cet acte de folie de Khalil Hachimi qui, rappelons-le, n'avait ménagé aucun effort pour se faire élire à la tête du CNP, avant de subir un échec retentissant. Un échec dont il ne se serait visiblement pas remis ! Rappelons, et c'est primordial, que le CNP, est amené, de par sa charte déontologique publiée au Bulletin officiel de juillet 2019, à faire respecter les règles déontologiques, à défendre la liberté de la presse, à contribuer à la production des textes de lois relatives au secteur, à délivrer les cartes de presse et à mener des missions d'arbitrage et de médiation entre les organismes de presse et des tiers. Ainsi, sa charte doit s'appliquer à l'ensemble de la profession, journalistes et organes de presse.