Des violences en Guinée ont perturbé, dimanche, le référendum et les élections législatives qui ont pour but, selon l'opposition, de permettre au président Alpha Condé de se frayer un chemin vers un troisième mandat. Au moins dix morts à Conakry. Attaques de bureaux de vote, incendies de matériel électoral, heurts entre forces de l'ordre et opposants… Des violences ont troublé la tenue du référendum constitutionnel et des élections législatives, dimanche 22 mars, en Guinée. Au moins dix personnes ont été tuées à Conakry, a affirmé dans un communiqué le collectif de l'opposition et de la société civile guinéennes opposé à un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé. Les autorités n'étaient pas joignables pour commenter ce bilan qui n'a pu être confirmé de source indépendante. Selon l'opposition, ces élections ont pour seul objectif de permettre à l'actuel président de se frayer une voie vers un troisième mandat. À Ratoma, en banlieue de la capitale guinéenne, la situation a très vite mal tourné. Des partisans de l'opposition ont attaqué des gendarmes devant des bureaux de vote. Une autre école a été attaquée dans la même zone et le matériel électoral saccagé. Des affrontements sont également survenus dans d'autres banlieues de Conakry comme à Cosa, Hamdallaye, Dar Es Salam et Lambanyi. Des jeunes de l'opposition y ont attaqué les policiers et les gendarmes sécurisant le vote. Caillassées, les forces de l'ordre pourchassaient ces jeunes et lançaient contre eux des grenades lacrymogènes. Des tirs ont été entendus en plusieurs endroits à Conakry. La nouvelle Constitution proposée par Alpha Condé limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais ses opposants l'accusent de vouloir remettre son compteur à zéro. L'opposition avait promis de boycotter le vote et d'en empêcher la tenue, mais la persistance des troubles n'a pas dissuadé le gouvernement d'organiser les scrutins, pas même l'apparition récente du coronavirus. En Guinée, deux cas de contamination ont été déclarés dont un a été guéri, a annoncé samedi le gouvernement. La présence du coronavirus suscite l'attention dans un pays où la fièvre Ebola a fait 2.500 morts entre 2013 et 2016. Plusieurs chefs d'Etat ouest-africains ont annulé leur mission de bons offices au cours de la semaine en Guinée. Avant le vote initialement prévu le 1er mars, deux grandes organisations régionales avaient renoncé à déployer ou avaient rappelé leurs observateurs.