Le rapatriement d'Algériens de France, un des pays les plus touchés par le Covid-19, fait craindre une propagation rapide du virus en Algérie, aucune obligation d'auto-confinement n'étant imposée à leur retour et les hôpitaux ne disposant que de quelques centaines de lits de réanimation. Six décès ont été enregistrés jusqu'à présent en Algérie en raison de la pandémie, selon le ministère de la Santé. A ce jour, 72 cas de Covid-19 ont été confirmés sur le sol algérien, avec six nouveaux patients recensés mercredi. Le Premier ministre Abdelaziz Djerad a ordonné dimanche la suspension temporaire à partir de mardi de toutes les liaisons aériennes et maritimes entre l'Algérie et la France, une mesure étendue lundi à l'ensemble des pays européens à compter de jeudi. Mardi, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé l'interdiction de tous les rassemblements. Les Algériens constituent de loin la première communauté immigrée en France, l'un des pays les plus touchés par l'épidémie en Europe. Selon la Direction française du transport aérien, 4,4 millions de passagers ont pris l'avion entre l'Algérie et la France en 2019. Pur le président de l'Ordre des médecins, le docteur Berkani Bekkat, spécialiste des maladies respiratoires, l'auto-confinement est presque impossible car il est difficile de contrôler les gens chez eux. Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a promis lundi, sur les ondes de la radio publique, que « toutes les possibilités de riposte » contre le coronavirus « peuvent être envisagées », précisant que le pays disposait de plus de 400 lits de réanimation. Mais, « il n'y a pas suffisamment de lits en réanimation pour faire face à une grande vague de malades », estime Samia, médecin urgentiste dans un hôpital d'Alger. Le dernier décès enregistré en Algérie est celui d'un homme de 62 ans qui est décédé à Blida, près d'Alger, le foyer principal de la pandémie, où une famille entière a été contaminée par un ressortissant algérien et sa fille venus de France pour un mariage. La traçabilité des sujets infectés à l'étranger est déterminante pour contenir la propagation en Algérie à travers leur histoire de séjours là où sévit la pandémie, selon le professeur Cherbal. « Les analyses du génome vont aider à suivre les mouvements du coronavirus chez les sujets infectés. Les mutations qui surviennent peuvent révéler des liens entre les épidémies du coronavirus qui affectent différents pays », souligne le généticien.