Devant la progression de la pandémie, fermetures d'établissements, restrictions de déplacements et annulations d'événements continuent à être annoncées à travers le monde. Commerces fermés et populations confinées en France et en Espagne, chaos dans les aéroports américains : la pandémie due au coronavirus, qui a touché plus de 150.000 personnes et fait plus de 6.000 morts, continuait de progresser inexorablement, dimanche 15 mars. Les autorités italiennes, elles, ont fait état d'un bond inédit de nouveaux décès au cours des dernières vingt-quatre heures, tandis que le nombre de contaminations explose au-delà des Pyrénées. La France a néanmoins décidé d'organiser le premier tour des élections municipales, mais la participation était très faible à 17 heures, après la quasi-mise à l'arrêt du pays. Devant la progression de la pandémie, fermetures de lieux et d'établissements, restrictions de déplacements et annulations d'événements continuaient à être annoncées en cascade, la plupart des pays cherchant à se protéger en s'isolant toujours plus. Pays le plus touché par l'épidémie en Europe, l'Italie enregistre désomais 1 809 décès, soit 368 morts de plus en vingt-quatre heures, un nombre inédit jusqu'alors, ont annoncé dimanche les autorités. Le nombre total de cas confirmés s'élève dans le pays à 24.747, contre 21.157 samedi. L'Allemagne fermera ses frontières avec la France, la Suisse et l'Autriche à partir de lundi matin 8 heures. Jusqu'à présent, Berlin avait refusé de prendre une telle mesure, se contentant de renforcer les contrôles aux frontières, en particulier à celle avec la France, depuis jeudi, après que l'institut de santé Robert-Koch eut déclaré « zone à haut risque » la région Grand Est. L'Espagne, deuxième pays le plus touché d'Europe, a pris des mesures particulièrement radicales : quarantaine quasi totale et état d'alerte pour quinze jours. Séville et d'autres villes ont annoncé l'annulation des célèbres processions de la Semaine sainte début avril. L'Europe, qui est désormais l'épicentre de la maladie, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), voit ses systèmes de santé mis à rude épreuve. L'Union européenne (UE) a ainsi annoncé, dimanche après-midi, qu'elle limitait les exportations de masques et d'autres équipements médicaux de protection, afin de garantir son propre approvisionnement face à la pandémie. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a averti, dans une vidéo postée sur Twitter, sur le danger que représentaient les contrôles aux frontières, notamment en ce qui concerne le blocage des chaînes de distribution et les risques de pénurie. A Rome, en Italie, «toutes les célébrations liturgiques de la Semaine sainte se tiendront sans la présence physique des fidèles», selon le Vatican, de même que les audiences générales du pape jusqu'au 12 avril. La France, qui a annoncé 830 nouvelles contaminations (4 500 et 91 décès au total), a aussi durci ses mesures, avec une réduction progressive des transports longue distance (trains, bus, avions) dans les prochains jours, ainsi que la fermeture des restaurants, bars, discothèques et cinémas dès la nuit de samedi à dimanche. Ces dernières mesures ont été imitées par plusieurs régions allemandes. L'Autriche a interdit dimanche les rassemblements de plus de cinq personnes et limité les déplacements au strict nécessaire. Première destination de sports d'hiver en Europe, elle avait déjà annoncé la fermeture anticipée de ses stations de ski, tout comme la France et la Suisse. Les Pays-Bas, eux, vont fermer écoles, bars et restaurants. En Irlande, le gouvernement a également demandé dimanche aux pubs du pays de fermer leurs portes dès dimanche soir, au moins pour deux semaines, et déconseille « fermement » à la population d'organiser des fêtes à domicile. Critiqué pour son attentisme, dans un pays qui ne comptabilise officiellement que 1 140 cas dont vingt et un mortels, le gouvernement du Royaume-Uni a indiqué qu'il prévoyait de confiner les plus de 70 ans jusqu'à quatre mois et s'apprête à interdire les grands rassemblements. Le tournoi de tennis de Wimbledon pourrait en faire les frais. La Serbie a interdit l'entrée sur son territoire d'étrangers arrivant des pays les plus touchés, tandis que la Bosnie voisine les confinera dans des tentes de quarantaine à ses postes-frontières et aéroports. En Croatie, les patients d'un hôpital de la capitale, Zagreb, ont dû être évacués après la contamination de deux médecins de cet établissement. Hors d'Europe, les confinements se durcissent également. Les Etats-Unis, déclarés en état d'urgence vendredi, ont étendu samedi l'interdiction durant trente jours d'entrée des voyageurs en provenance d'Europe au Royaume-Uni et à l'Irlande. Les restrictions créaient le chaos dans les aéroports américains, les voyageurs partageant sur les réseaux sociaux des photos d'énormes files d'attente de plusieurs heures. Les parcs d'attractions Universal Orlando Resort (Floride) vont rester fermés au moins jusqu'à fin mars, ont-ils annoncé dimanche. L'Iran, troisième pays le plus touché au monde, a annoncé 113 décès supplémentaires (724 morts au total, 13 938 cas). Les autorités ont demandé aux habitants d'« annuler tous leurs voyages et de rester chez eux » et fermé le cœur du sanctuaire chiite de la ville de Machhad. La Jordanie, qui recensait un cas jusque-là, en a annoncé six de plus, dont quatre touristes français. Elle a fermé aéroports, écoles et universités jusqu'à nouvel ordre et interdit les rassemblements religieux et sportifs. En Afrique, jusqu'à présent peu touchée, la Fête de l'indépendance a été annulée au Sénégal (22 cas), parmi d'autres mesures. Un premier cas a été diagnostiqué ce week-end au Congo, au Rwanda, en Guinée équatoriale, en République centrafricaine et aux Seychelles. L'Algérie a annoncé la suspension de ses liaisons aériennes et maritimes avec la France. Le Kenya, où trois cas de coronavirus ont été officiellement décelés, a annoncé dimanche la fermeture de ses frontières, sauf pour ses citoyens et les résidents étrangers, qui devront se soumettre à un autoconfinement. L'Afrique du Sud a choisi de fermer ses frontières aux citoyens des pays à risque : « l'Italie, l'Iran, la Corée du Sud, l'Espagne, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Chine à partir du 18 mars. » Face à cette propagation inexorable, la Russie (45 cas, aucun décès) a fermé dimanche ses frontières terrestres avec la Norvège et la Pologne aux étrangers. Le Danemark, la Lituanie ont fermé leurs frontières tandis que d'autres pays (Lettonie, Estonie, Monaco) adoptent des restrictions drastiques. La Norvège va fermer ses ports et aéroports. Le Kazakhstan (huit cas) a instauré dimanche l'état d'urgence pour un mois. Le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie et le Guatemala ont renforcé samedi leurs mesures de restriction à l'égard des personnes en provenance des pays les plus touchés. Le Canada a appelé ses ressortissants à rentrer au pays. Aux Philippines, la capitale, Manille, a été placée dimanche en quarantaine pour un mois avec les accès routiers coupés et les vols intérieurs suspendus. Même le Maroc, qui ne recense que huit cas, a fermé ses frontières et pris des mesures strictes de confinement. Au Chili, tous les ports sont désormais fermés aux navires de croisières, après la mise en quarantaine de deux d'entre eux avec environ 1 300 personnes à bord. La Colombie, qui compte 34 cas du nouveau coronavirus, va fermer dès lundi ses frontières aux étrangers, n'autorisant l'entrée qu'à ses ressortissants et aux résidents qui devront être en isolement pour quatorze jours. Un navire de croisières, avec 3 700 personnes à bord, a été mis en quarantaine en Nouvelle-Zélande, qui a interdit toute escale à des bateaux de croisières jusqu'au 30 juin. Point de départ de l'épidémie, la Chine (3.189 morts) semble l'avoir désormais surmontée, faisant état dimanche de seulement 20 nouvelles contaminations.