Le Président turque Recep Tayyip Erdogan est à Moscou ce jeudi pour des discussions avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Leur rencontre vise à trouver une solution pour apaiser les tensions en Syrie, où la menace d'un conflit direct entre la Russie et la Turquie n'est pas totalement écartée. Des dizaines de soldats turcs ont été tués ces dernières semaines dans d'intenses combats dans la région d'Idleb, ultime bastion rebelle et jihadiste dans le nord-ouest de la Syrie, où la Turquie est intervenue contre les forces du régime de Bachar al-Assad. Ce dernier, appuyé par l'aviation russe, avait lancé en décembre une offensive à Idleb qui a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d'un million de personnes déplacées vers la frontière turque. « La situation à Idleb s'est tellement aggravée que cela demande que nous ayons une conversation personnelle et directe », a déclaré M. Poutine au début de sa rencontre avec son homologue turc au Kremlin. « Il faut qu'on en parle pour que cela ne se reproduise plus et ne détruise pas les relations russo-turques », a souligné M. Poutine. Pour sa part, M. Erdogan a dit espérer que les décisions prises jeudi par les deux dirigeants « vont apaiser la région d'Idleb et nos deux pays ». A la veille de son départ pour Moscou, le président turc avait déjà émis l'espoir d'obtenir un « cessez-le-feu le plus rapidement possible dans la région » d'Idleb grâce à sa rencontre avec M. Poutine. L'escalade des tensions à Idleb a abouti à des tensions diplomatiques entre Moscou, un allié du régime syrien, et Ankara, soutien des rebelles, faisant planer un risque réel d'affrontement direct entre les deux pays qui se sont imposés comme les principaux acteurs internationaux dans le conflit syrien. L'escalade des tensions à Idleb a déjà fait voler en éclats les accords conclus entre les présidents Poutine et Erdogan à Sotchi en 2018 pour faire cesser les combats dans cette région et y instaurer une zone démilitarisée. De son côté, la Turquie, qui accueille déjà 3,6 millions de Syriens sur son sol, a réclamé mercredi un soutien européen aux « solutions politiques et humanitaires turques en Syrie », indispensable selon Ankara pour mettre en place une trêve et résoudre la crise migratoire. L'Union européenne a rejeté « fermement » le chantage aux migrants d'Ankara. Vendredi dernier, M. Erdogan a ordonné l'ouverture des frontières de son pays et des dizaines de milliers de personnes ont depuis afflué vers la Grèce, provoquant des heurts entre réfugiés et policiers à la frontière grecque.