Faisant partie des «zones de désescalade» mises en place au terme des négociations de paix d'Astana qui avaient été parrainées, d'un côté, par la Russie et l'Iran en leur qualité de soutiens du régime de Bachar Al-Assad et, de l'autre, par la Turquie qui se tient du côté des rebelles, le gouvernorat d'Idleb, dernière région qui échappe au contrôle des forces gouvernementales syriennes, est occupée à 60% par Hay'at Tahrir Achcham (anciens combattants de la branche syrienne d'Al Qaïda) que la Turquie considère comme étant un groupe terroriste. Ainsi, dix jours après le sommet tripartite de Téhéran durant lesquelles divergences entre les chefs d'Etat de Russie, d'Iran et de Turquie ont éclaté à la face du monde, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, dont les pays sont des acteurs-clés dans le conflit qui secoue la Syrie depuis 2011 et qui ont eu de nombreux entretiens à l'effet de trouver un compromis se sont finalement retrouvés lundi dans la station balnéaire de Sotchi en Russie pour une séance de travail à huis clos qui a duré quatre heures. A l'issue de sa rencontre avec son homologue turc, Vladimir Poutine a déclaré : «Nous avons décidé de créer le long de la ligne de contact, à partir du 15 Octobre de cette année, une zone démilitarisée de 15-20kilomètres de large». Cette zone sera contrôlée conjointement par des militaires turcs et par des soldats russes. Ceux-ci auront pour mission d'en déloger «tous les combattants radicaux» dont la présence était contestée par Moscou qui, pressée d'en finir avec la rébellion syrienne, avait annoncé lors du sommet de Téhéran son intention de lancer un assaut de grande ampleur sur Idleb où, au plus tard, le 10 Octobre prochain, il ne devra y avoir aucune arme lourde. Le président turc s'est félicité, pour sa part, de la conclusion de cet accord qui a permis de faire éviter à la région «une grande crise humanitaire» et au terme duquel la Russie s'est engagée à prendre toutes les mesures nécessaires pour qu'aucune attaque contre Idleb ne puisse se produire. Pour Ankara, une attaque contre Idleb allait nécessairement provoquer un afflux de réfugiés syriens vers la Turquie alors que, depuis le début du conflit, le pays en a déjà accueilli plus de trois millions puis mettre en danger la vie de quelques centaines de soldats turcs qui y sont stationnés afin de veiller au respect de la «désescalade» mise en place par le processus d'Astana en Janvier 2017. L'assaut sur Idleb que craignait la communauté internationale n'étant plus à l'ordre du jour, quelle sera donc l'issue de ce conflit syrien qui, depuis 2011, a fait plus de 350.000 morts et plusieurs millions de déplacés ? Attendons pour voir…