Les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy sur son soutien à la marocanité du Sahara et sur l'Algérie ont provoqué des grincements de dents à Alger. Même si le gouvernement n'a pas encore réagi, un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères dit ce que pense Alger des »provocations » de l'ancien président français, souligne samedi le site d'informations algérien TSA (Tout sur l'Algérie). Nicolas Sarkozy, rappelle-t-on, a réaffirmé son soutien au Maroc sur le conflit au Sahara. Invité à une conférence aux Emirats arabes unis, l'ancien président français a déclaré, en s'adressant à l'ambassadeur du Maroc présent dans la salle : « La frontière entre l'Algérie et le Maroc est fermée depuis peut-être dix ans alors qu'il y aurait un besoin formidable d'un véritable marché commun qui prendrait dans un premier temps le Maroc, l'Algérie et la Tunisie », a dit Sarkozy. Le patron du parti les Républicains (droite, opposition) a ajouté que cette frontière était « fermée » en « vérité » en raison du conflit au Sahara occidental. « Vous savez que la position de la France a toujours été de soutenir la marocanité du Sahara occidental. J'ai toujours pensé ça. J'étais moi-même pour la première fois à Laâyoune en 1991. On aurait du mal à me convaincre de la nécessité d'une République sahraouie dans une région du monde minée par le terrorisme », a-t-il dit. Pour l'ancien président français, « tout le monde n'a pas la chance d'avoir un souverain comme le roi du Maroc ». « Il a modifié la Constitution au moment du printemps arabe. Il a pris des risques politiques considérables qui ont garanti la paix au Maroc », a-t-il ajoute. Sur l'Algérie, Nicolas Sarkozy a presque répété ce qu'il avait dit à Tunis, le 20 juillet dernier. « Je ne dirais rien sur l'Algérie que j'aime beaucoup. Dès qu'on dise un mot, ça devient une polémique. Et pourtant pour ce pays, si riche de ses potentialités et d'une population extraordinaire, la question de son développement et de sa modernisation est posée », a-t-il dit. « Ces sorties malveillantes à l'égard de l'Algérie sont d'une légèreté irresponsable de la part d'un homme politique qui aspire aux plus hautes fonctions dans un pays qui est, et restera, pour une foultitude de raisons, un partenaire stratégique de l'Algérie », regrette ce haut fonctionnaire cité par TSA. Et d'ajouter que Nicolas Sarkozy est prisonnier de ses alliances avec le Maroc. Les déclarations de Sarkozy « participent assurément d'une vision superficielle totalement déconnectée de la réalité de l'Algérie et elles attestent, en même temps, que leur auteur est irrémédiablement prisonnier de ses alliances régionales (Maroc) et de sa vision étroite et volontairement biaisée de l'histoire coloniale qui, malheureusement sert encore de fonds de commerce pour courtiser et drainer les voix de la droite extrême », assène-t-il. Ce haut fonctionnaire du département de Ramtane Lamamra, tient cependant à préciser que les prises de positions de Sarkozy à l'égard de l'Algérie n'auront pas d'impact sur la relation franco-algérienne. « En définitive, de par son insignifiance cet exercice futile et répétitif, où l'esbroufe le dispute à la manipulation arrogante, restera un non-événement au regard de l'importance cruciale des intérêts croisés entre nos deux pays, intérêts bien compris au sein même de la famille politique de l'intéressé comme le démontreront d'ailleurs certaines échéances prévues à court terme », assure-t-il.