Le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Driss El Yazami, est revenu sur la polémique suscitée par la recommandation sur l'égalité en matière successorale contenue dans le Rapport Egalité-Parité du CNDH, en appelant à un débat serein. « Les réactions sociétales suscitées par cette recommandation, indépendamment des positionnements divergents des acteurs, témoignent non seulement de la vitalité de notre société mais nous renseignent sur la priorité de lancer le débat public sur la question dans un cadre serein qui permet l'échange rationnel des arguments en faveur du renforcement des garanties des droits économiques des femmes », a déclaré lundi M. El Yazami dans un entretien accordé à la MAP. Le président du CNDH s'est néanmoins dit étonné par la « sélectivité entre les recommandations », soulignant que la polémique a porté sur quatre mots d'un rapport qui en compte près de 40.832 et dont le résumé exécutif compte 6.149 mots. Et M. El Yazami de considérer « injuste de réduire un rapport qui propose 97 recommandations portant sur différents domaines à une seule recommandation qui appelle à l'ouverture d'un débat public, serein, pluriel, constructif et pluridisciplinaire sur l'égalité des hommes et des femmes dans les droits économiques y compris en matière successorale ». Selon lui, la recommandation ayant suscité la polémique appelle également « à accorder aux femmes les mêmes droits dans la formation du mariage, dans sa dissolution et dans les relations avec les enfants (…), à appliquer avec rigueur les dispositions du Code de la famille relatives à la pension alimentaire, à élargir les bénéfices du fonds de la solidarité familiale aux enfants nés hors mariage et adopter un plan de mesures destinées à sensibiliser, former et responsabiliser l'ensemble des intervenants du secteur de la justice ». Cette recommandation avait, rappelle-t-on suscité un vif débat au sein de toutes les composantes de la société avec ceux qui sont pour, et ceux qui s'y opposent, notamment le Parti de la justice et du développement (PJD) qui a qualifié cette recommandation d'«irresponsable », et celle de son dirigeant et chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui accuse le conseil de Driss El Yazami de semer le désordre dans la société tout en lui demandant de retirer sa recommandation et de s'en excuser.