Le déroulement des négociations pré-remaniement, tout comme l'anticipation des retombées électorales d'une participation gouvernementale amoindrie pour PPS peut créer des dissidences dans le foyer socialiste. La structure concentrée du cabinet que prépare le chef du gouvernement Saaddine El Othmani, nommé à la primature en 2017, se heurte aux exigences des uns et des autres. La session spéciale que compte organiser le Parti du progrès et du socialisme (PPS) ce 4 octobre s'annonce houleuse. Alors que Les négociations sur une équipe restreinte numériquement achoppent plus particulièrement sur la question de la répartition des postes, les tractations entre ces entre les deux alliés de la coalition au pouvoir ont été d'autant plus âpres que leur difficulté à trouver des accommodements a poussé le PPS à annoncer, le 1er octobre, son retrait du gouvernement. Le PJD "fort" de l'onction donnée par le suffrage universel d'un taux d'électeurs faible, compte maintenir la majorité de ses soldats dans leurs postes, alors qu'une seule nomination a été proposée au PPS, selon quelques sources. Les islamistes semblent naviguer à vue, tandis que ce positionnement a provoqué l'ire de certains membres du bureau politique du PPS, affirmant leur opposition à cette « décision d'en haut, qui ne fut pas de pure consultation». Leur tendance générale est favorable à un prolongement de leur participation au sein de l'appareil actuel. Selon des sources, «plusieurs cadres du parti comptent ne pas se plier à ses directives et appeler à ce que le PPS reste membre de la coalition gouvernementale». Des contorsions pour le moins surprenantes, qui ne peuvent que fragiliser à l'extrême le tissu des alliances du PJD. Saïd Fekkak, un de ceux qui se sont placés sur le créneau contestataire, déclare que la décision du secrétariat général «constitue une entorse aux concertations que mène actuellement le chef du gouvernement». Il adresse une critique feutrée à Nabil Benabdellah, «qui a rédigé le communiqué sans consulter quiconque.» Par-delà le nombre de portefeuilles ministériels, la composition du nouveau gouvernement déplaît à la direction du PPS qui se contentera seulement du département dédié à l'Aménagement du territoire national, à l'urbanisme, à l'habitat et à la politique de la ville, qu'occupe Abdelahad Fassi-Fihri. Benkirane agitait "l'épouvantail de puissances occultes" pour justifier ses échecs à modifier ses équipes, alors que la rupture de l'alliance PJD-PPS est une rupture majeure subjectivement vécue, ou au moins perçue comme telle a posteriori. Tout concourt pour que certaines composantes du PPS envisagent le départ du parti du gouvernement d'un œil défavorable.