La Cour d'Appel de Paris a décidé mardi de mettre en délibéré, le 26 janvier prochain, l'affaire d'extorsion de fonds du Maroc dans laquelle sont poursuivis les deux journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet. La cour a pris cette décision à la demande des deux journalistes qui ont demandé l'annulation partielle de l'enquête dans laquelle ils sont inculpés pour chantage et extorsion à l'encontre du roi Mohammed VI. Catherine Graciet, 41 ans, et Eric Laurent, 68 ans, sont soupçonnés d'avoir voulu extorquer de l'argent au Maroc en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat. « Les avocats des pseudos journalistes ont développé l'idée selon laquelle la présence du procureur de la république de Paris, de deux juges d'instruction et de la police était illégale », a déclaré à la presse l'avocat du Royaume Eric Dupond-Moretti, à l'issue de l'audience à la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris. Selon lui, la partie marocaine considère que leur présence est « extrêmement rassurante quant à la procédure ». « Nous avons développé l'idée que c'était très surprenant de critiquer la présence du Parquet de Paris et que pour la partie marocaine, c'était le gage de notre totale et parfaite bonne foi », a expliqué Me Dupond-Moretti. Le procureur général près la cour d'appel de Paris a demandé à ce que cette requête singulière soit définitivement rejetée, a-t-il fait savoir, relevant que « nous sommes extrêmement confiants quant aux suites qui seront données à cette requête ». Il a également indiqué que les avocats des deux journalistes français ont demandé l'annulation des enregistrements, notant qu'ils sont « extrêmement gênés » par ces enregistrements. « Leurs clients ont reconnu ces enregistrements, ils ne les ont pas contestés et ont reconnu les faits et aujourd'hui ils aimeraient que tout ça disparaisse comme par magie », a-t-il fait remarquer. « Aucun bidouillage n'est intervenu, les faits sont têtus », a-t-il insisté, notant qu' »il est temps que ceux qui ont fait ça soient punis ». Les deux journalistes contestent avoir été à l'initiative d'un chantage, évoquant une transaction qui s'est nouée librement. Ils ont été interpellés le 27 août, en possession de 80.000 euros en liquide, au sortir d'une réunion avec un émissaire du Maroc, enregistrée à leur insu par leur interlocuteur. Cela avait été déjà le cas pour deux rencontres précédentes, entre Eric Laurent et cet émissaire, l'avocat Hicham Naciri.