Alors que les Etats-Unis assurent la présidence du Conseil de sécurité en ce mois de décembre, et à la veille de tournée de Ban ki-moon dans la région, la question du Sahara se retrouve, encore une fois, à la croisée des chemins, avec les différents protagonistes campant sur leur position respective, d'où l'impasse que connait le processus de négociations, un échec reconnu par celui-là même qui est sensé démêler l'écheveau, en l'occurrence l'Envoyé personnel du Ban ki-moon, Christopher Ross. Alger et sa ‘'position immuable'' Son rapport présenté, mardi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, est tout sauf optimiste quant à la solution de ce problème imposé au Maroc par son voisin de l'est, l'Algérie qui persiste dans son attitude intransigeante, comme l'a d'ailleurs rappelé M. Ross dans son rapport. Il a évoqué à cet égard, sa rencontre en novembre dernier avec le président Abdelaziz Bouteflika qui lui a réitéré la ‘'position immuable'' de son pays concernant le droit du ‘'peuple sahraoui'' à l'autodétermination. Une attitude aggravée encore en faisant la sourde oreille à l'appel du Maroc pour des négociations directes avec le Royaume, étant donné qu'il s'agit d'un des protagonistes, sinon le principal protagoniste dans ce conflit. Paradoxalement, à en croire le rapport de Christopher Ross, même le Polisario serait prêt à faire preuve de ‘'flexibilité'' dans sa position en ne faisant plus du principe de l'autodétermination une condition préalable pour toute négociation directe avec le Maroc. Impasse équivaut à ‘'bombe à retardement'' Dans son rapport, publié, mercredi, par le site ‘'Inner City Press'', le ‘'Snowden'' des coulisses de l'ONU, M. Ross ne manque pas de faire part de son inquiétude face à l'impasse que connait ce dossier, en dépit, selon lui, de la situation qui prévaut dans les régions du Moyen Orient, Afrique du Nord et Sahel qui ‘'présentent des dangers réels, et qui n'ont eu qu'un impact minime pour ne pas dire aucun sur les positions des différents protagonistes''. Pour l'émissaire onusien, une solution à ce conflit qui n'a que trop duré (40 ans), est plus que jamais urgente. Il cite son patron, le Secrétaire secrétaire Ban ki-mooon qui n'hésite pas à parler de ‘'bombe à retardement dont les effets pourraient échapper à tout contrôle''. Dans son rapport, Christopher Ross a également rappelé la lettre adressée par Ban ki-moon au roi Mohammed VI et au dirigeant du pseudo Polisario Mohamed Abdelaziz, dans laquelle il met en garde contre les menaces des extrémistes et des terroristes qui opèrent au-delà des frontières, ainsi que les frustrations des populations des camps de Tindouf en particulier les jeunes, cibles des recruteurs des groupes terroristes. Tournée infructueuse dans la région Revenant sur ses périples dans la région, en septembre, octobre et novembre, l'émissaire onusien parle de constat d'échec, d'où la nécessité d'élaborer de ‘'nouvelles idées'' pour tenter d'infléchir les positions des uns et des autres. Une tâche qui, au demeurant, est plus que jamais compliquée car, comme il l'a rappelé dans son rapport, le Maroc, par la voix de son ministre des affaires étrangères Salaheddine Mezouar, a écarté tout face-à-face avec le Polisario, lui préférant l'Algérie. Outre, le fait qu'il soit considéré ‘'persona non grata'' dans les Provinces du sud. A ce propos, Christopher Ross dit attendre une confirmation officielle de la part des autorités marocaines même si, entretemps plusieurs responsables, y compris le ministre délégué aux affaires étrangères, auraient, selon lui, mis de l'eau dans le vin de Mezouar en confiant à l'ambassadeur britannique à Rabat, que Ross pouvait se déplacer dans cette partie du territoire marocain. Reste donc à vérifier. Pour revenir sur la position du Maroc, il affirme que Rabat refuse de faire sienne l'évaluation de Ban ki-moon qui parle d'urgence absolue pour la reprise des négociations eu égard aux dangers précités. Le point de vue du Maroc, a indiqué M. Ross, est que la situation reste sous contrôle, et que l'effort doit se concentrer sur un processus de négociations ‘'serein''. Donc pas la peine de faire pression sur le royaume sous prétexte d'une situation qui équivaudrait à une ‘'bombe à retardement''. Ajouter à cela le fait que le Maroc ne veuille plus parler de statut du territoire, étant donné que ‘'le Sahara est déjà marocain''. Refus d'Alger de ‘'bilateraliser'' le conflit Idem pour l'exigence du Maroc qui veut que l'Algérie rejoigne la table de négociations, si ce n'est en sa qualité de partie formelle, au moins en tant que ‘'protagoniste''. Quant à la Mauritanie, Christopher Ross a informé le Conseil de sécurité de sa position de ‘'neutralité positive'' même si ce pays ne cesse d'exprimer sa préoccupation face à la persistance de ce conflit et ses répercussions sur la région.Ross n'a évidemment pas omis ses entretiens à Madrid, Paris, Londres et Washington, en attendant Moscou, affirmant que ces pays ont clairement apporté leur soutien à sa mission et à l'approche onusienne pour un règlement de ce conflit que l'Algérie, refuse de ‘'bilateraliser''. Reste à espérer que la prochaine visite de Ban ki-mon dans la région, début janvier, parvienne à débloquer un tant soit peu cette situation d'impasse qui n'arrange en rien les populations de Tindouf, les premières à souffrir de l'obstination de leurs dirigeants et de leurs mentors les algériens. Quant au Maroc, il est chez lui.