Tous les espoirs que des Marocains avaient fondés dans l'élection du président Abdelaziz Bouteflika, se sont évaporés. En effet, nos concitoyens le percevaient, en tant que signataire de tous les accords entre les deux pays, comme le témoin vivant de l'entière responsabilité de son pays dans la tragédie que vivent, depuis longtemps, les relations entre les deux pays. N'est- il pas celui qui avait déclaré à la MAP en 1975, à l'aéroport de Rabat que « l'Algérie ne détenait ni chamelle ni chameau au Sahara » ? Où en sommes-nous de cette déclaration ? s'interroge l'écrivain et journaliste Taieb Dekkar dans son livre « Maroc-Algérie : la méfiance réciproque » paru mercredi 12 juin en version arabe à Rabat. La normalisation des relations entre le Maroc et l'Algérie, poursuit l'auteur, reste tributaire du règlement de tous les différends entrer les deux Etats, à commencer par la stricte application de la Convention sur la démarcation de la frontière et la liquidation de tous les problèmes en suspens. Il rappelle, en outre, que l'histoire des relations entre les deux pays a connu plusieurs crises qui ont failli triompher plus d'une fois des espoirs de normalisation. Une normalisation qui n'a duré que 4 ans et qui a pris fin avec celle de l'ère du président Chadli Bendjedid. La présence d'ambassadeurs à leurs postes de chaque côté des frontières ne signifie aucunement que les relations sont apaisées, précise l'écrivain dans ce livre qui a été édité la première fois en Français en 2014 chez l'Harmattan. Il affirme : « de mon point de vue, sachant que je suis les développements des relations maroco-algériennes depuis 2013, toutes mes analyses transcrites dans la version française de mon livre tout comme les événements ainsi que les différentes solutions envisageables que j'y ai dépeint restent d'actualité ». « Toutefois, cette normalisation, ne signifie pas nécessairement, toujours de mon point de vue, la construction d'une Union du Maghreb solide et cohésive. Car atteindre cet objectif reste, à mon avis, subordonné à l'engagement des pays du Maghreb de respecter les principes des Droits des êtres humains dans une perspective internationale, de mettre en oeuvre la démocratie totale et complète, ainsi que de respecter la liberté d'expression et d'opinion », précise l'écrivain. Lorsque les pays du Grand Maghreb seront impliqués dans cette voie, il sera facile de reconstruire et consolider un Maghreb avec des fondations solides qui en assureront la continuité et la viabilité. Il était évident que l'approche adoptée par l'UMA sous sa forme, version et structure actuelles conduiraient inévitablement à un fiasco, rappelle-t-il. L'auteur souligne, par ailleurs, que l'Algérie jusqu'à présent campe et reste bloquée sur ses positions des années 70 concernant la question du Sahara, conformément au « Nif des Algériens » où l'orgueil prévaut sur le réalisme politique, de telle sorte que le maintien du principe d'autodétermination du supposé « peuple sahraoui » ne convainc plus les responsables algériens eux-mêmes ». Il va plus loin dans sa réflexion : « Je pense que la proposition d'autonomie présentée par le Maroc donne à l'Algérie l'occasion de se débarrasser de ce lourd héritage de l'ancien régime algérien, qui porte une sérieuse et forte responsabilité à condamner publiquement pour incitation à la division, l'hostilité et la haine entre nos deux pays et ce, à la lumière des changements politiques et idéologiques régionaux et internationaux globaux ». « La situation au Sahara restera tendue et connaîtra une escalade dangereuse qui pourrait créer un précédent depuis 1975, craint l'écrivain, si l'Algérie déplace les réfugiés de la périphérie de Tindouf, au-delà du mur de défense marocain pour se débarrasser de ce lourd héritage de l'ancien régime algérien lequel, au départ n'avait pas de vision claire des solutions possibles si la situation demeurait en l'état des décennies durant. Il sera difficile pour le Maroc d'accepter ce fait accompli sans compromettre sérieusement l'avenir de ses territoires sahariens ainsi que ses sacrifices, sa sécurité et son unité ». L'auteur conclut ainsi : « Il n'est pas improbable que l'Algérie recoure à cette hypothèse pour dissimuler ses revers diplomatiques dans le dossier du Sahara, après 50 ans de guerre contre le Maroc sur tous les plans, afin de forcer la communauté internationale à s'occuper directement de ce conflit. »