Les Vingt-Sept se réunissent ce mardi 28 mai pour discuter de la désignation des futurs dirigeants des institutions européennes. Portrait des principaux candidats pressentis. Qui prendra la place de Jean-Claude Juncker au poste très convoité de président de la Commission, l'organe exécutif de l'Union européenne (UE) ? Le résultat des élections du 26 mai a modifié la donne et : les conservateurs du puissant Parti populaire européen (PPE) ainsi que les sociaux-démocrates (S&D) ont perdu du terrain. Les pronostics sont ouverts mais quatre principaux profils et prétendants se distinguent : Manfred Weber du PPE. Certes, à 46 ans, il n'a siégé qu'au Parlement européen et n'est le chef de groupe PPE depuis 2014. Par contre, selon la procédure du « Spitzenkandidat », soit le candidat tête de liste, mise en place en 2014, ce conservateur bavarois doit succéder au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission. Champion du PPE, arrivé en tête dimanche, il peut compter sur le puissant soutien des conservateurs allemands (alliance CDU-CSU) et de la chancelière Angela Merkel. Cependant il a reculé en nombre de sièges : 179 élus, contre 221 auparavant. Or, pour gagner le poste, le nouveau président de la Commission a besoin d'un vote majoritaire du nouveau Parlement et du soutien des Vingt-Sept. A ce handicap s'ajoute son absence d'expérience gouvernementale. pour rappel, tous les présidents de Commission, après le mandat de Jacques Delors, ont occupé auparavant le poste de Premier ministre de leur pays. Autre point noir à sa candidature, un bon nombre de membres du Conseil européen, incluant Emmanuel Macron, s'opposent à sa désignation. Frans Timmermans, ancien ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas (2012-2014) et âgé de 58 ans, a redoré le blason de la fonction de vice-président de la Commission, ces quatre dernières années et connaît parfaitement la Commission. Ce social-démocrate néerlandais, peut fédérer les forces de gauche avec les libéraux et les Verts et ainsi arracher, de justesse, le poste de Jean-Claude Juncker. En revanche Le groupe S&D, dont il est la tête de liste, compte 150 élus, bien moins que le PPE. Il est, en outre, peu populaire dans certains pays de l'Est, qu'il a rappelé à l'ordre à de nombreuses reprises ces dernières années pour leurs atteintes à l'Etat de droit. Margrethe Vestager, baigne, elle, depuis toute jeune dans la politique : patron de son parti à 21 ans puis ministre de l'Education à 29 ans, et une très influente ministre de l'Economie du Danemark, de 2011 à 2014 avant d'occuper le poste de Commissaire à la concurrence. Célèbre pour ses amendes record contre Google, Apple et Facebook, cette sérieuse candidate de 51 ans pourrait concilier droite et gauche au Parlement européen, grâce à la performance remarquée du groupe centriste et libéral (Alde) avec plus d'une centaine d'élus, alors qu'il n'en auparavant que 69. Elle peut bénéficier du soutien d'Emmanuel Macron qui l'apprécie bien que le Danemark, ne fasse pas partie de la zone euro. Et surtout, elle est une femme : il en faudra au moins deux, estime Paris, pour occuper les cinq postes européens de prestige qui se libèrent (présidence de la Commission, du Conseil, du Parlement, de la BCE et haut représentant). Mais le Parti social-libéral, qu'elle représente pèse peu au Parlement danois. Elle a, par ailleurs chagriné l'Allemagne et la France en apposant son veto à la fusion entre Alstom et Siemens au début de l'année. Et enfin Michel Barnier, certes moins jeune que les autres candidats, du haut de ses 68 ans, mais ses prouesses sont aussi longues que son bras et il a le vent en poupe à Bruxelles. Avant d'être nommé négociateur en chef du Brexit, il a été à deux reprises Commissaire, pour les périodes 1999-2004 et 2010-2014. En France, il a occupé les postes de député, sénateur, eurodéputé et ministre à quatre reprises, et autres mandats locaux. Bien qu'officiellement il ne soit pas candidat, il est tout de même « en campagne » : il a effectué une nouvelle tournée européenne durant laquelle ses prises de paroles sur l'avenir de l'UE ont été remarquées, à un moment où il n'y avait plus rien à négocier avec Londres, pour le Brexit. Il est membre du PPE, ce qui constitue un sérieux avantage et il peut compter sur le soutien de Macron. Le seul hic, c'est qu'il ne peut briguer le poste qu'en cas d'échec de Manfred Weber et des autres candidats des groupes parlementaires.