A quelques jours de l'expiration de son quatrième mandat (le 18 avril prochain), alors que la rue algérienne est en ébullition, et que l'on ne connait pas très bien la tournure que vont prendre les évènements dans les tout prochains jours, notamment l'éventualité d'un retrait volontaire de Bouteflika, le général de corps d'armée et vice-ministre de la défense nationale, Gaid Salah, prend tout le monde de court, en recommandant au Conseil constitutionnel, dont le président est un fidèle ami de Bouteflika, de prononcer l'incapacité physique de ce dernier et donc d'enclencher la procédure pour sa destitution. Est-ce que le chef d'Etat-major de l'armée qui, il y'a à peine quelques jours, présentait au président Bouteflika, qui venait de rentrer de Genève, un rapport sur la situation sécuritaire et militaire dans le pays, tenant un bout de papier à la main, vient tout juste de constater l'incapacité physique du président ? Est-ce que Bouteflika jouissait de toutes ses capacités physiques et mentales, lorsqu'il s'était présenté pour un quatrième mandat ? Election durant laquelle il n'avait pas animé un seul meeting ! le président algérien n'a pas fait d'apparitions publiques depuis des mois ! Tout cela ! le chef d'Etat-major de l'armée ne le savait pas. Il vient de découvrir, tout juste, que le président Bouteflika, ne jouissait pas de ses capacités physiques pour diriger le pays, pour quelques mois supplémentaires, ou jusqu'au 18 avril ! Car sous la pression populaire, il pourrait bien partir tout de suite ! Tout porte à croire, en effet, qu'il s'agit bien d'un coup d'Etat contre le président Bouteflika, qui probablement était sur le point de limoger Gaid Salah car les récentes déclarations de ce dernier, selon lesquelles l'armée a toujours choisi le camp du peuple algérien, n'auraient pas plu en haut lieu, et ont été interprétées comme un parti pris contre Bouteflika. Une campagne a par ailleurs été enclenchée contre Gaid Salah sur fond de scandales dans la gestion de l‘armée. Gaid Salah, redoutant son limogeage, aurait ainsi décidé d'agir, le premier, et d'anticiper sur les intentions du président qui serait à priori entouré, à la présidence, par le chef de la sécurité militaire, qu'il avait lui-même nommé et un puissant conseiller militaire. Les choses vont aller rapidement dans les heures qui suivent en Algérie. Une guerre au sommet entre le président qui est le chef de l'armée et le chef d'Etat-major. C'est une des conséquences des soulèvements populaires en Algérie, qui durent depuis maintenant un mois. Le président Bouteflika, qui a vécu plusieurs décennies au sérail, conserve-t-il tous les moyens et l'influence au sein de l'armée pour neutraliser son adjoint au ministère de la défense ? On s'en souvient, le général Khaled Nezzar avait réussi son coup en contraignant Chadli Bendjdid à la démission, le 11 janvier 1992. Le général Gaid Salah a opté pour une autre procédure, pour destituer Bouteflika ? ce dernier va-t-il se plier au diktat des militaires, qui se seraient retirés depuis belle lurette de la politique, comme nous le constatons ! on verra dans les prochaines heures. *Journaliste et écrivain