Triste journée que celle du samedi 1er décembre. Ahmed Tayeb Laâlej a quitté ce monde à l'âge de 84 ans. Parolier, interprète, maître du zajal et icône de la dramaturgie marocaine, Ahmed Tayeb Laâlej est l'une des figures emblématiques de la scène artistique marocaine. En effet, il demeure parmi les précurseurs qui ont permis au théâtre national de vivre son âge d'or. Son répertoire est long, riche et inoubliable. Il a travaillé presque exclusivement avec la troupe de la Maâmora pour laquelle il a écrit plus de cent pièces, notamment «Hada», «Aitouna», «Nechba» et «Saad». Il a réussi l'exploit d'adapter, dans le langage et le contexte marocains, de grands classiques de dramaturges tels Molière, Jules Romain et Berthold Brecht. En parallèle, cette valeur sûre du théâtre marocain a travaillé pour la télévision en fournissant une douzaine de scénarios de feuilletons. Tayeb Laâlej n'était pas seulement un homme de théâtre, mais était aussi un parolier accompli grâce auquel la chanson marocaine a trouvé un nouveau souffle puisqu'il avait écrit les paroles des célèbres chansons «Ma ana ila bachar», «Marsoul lhob» et «Khouyi, khouyi». Il a également écrit les paroles de chansons interprétées par Mohamed Fouiteh, Maâti Benkacem et Naïma Samih. Son abnégation au travail et son talent inné lui avaient ouvert la voie d'une carrière lumineuse. Ayant fait ses débuts dans la menuiserie. Il a été placé par son père chez un maître menuisier comme apprenti pour devenir à son tour maître menuisier. Laâlej a compris dès son plus jeune âge qu'il était doté d'un talent artistique hors pair. Il a su exploiter, avec génie, le patrimoine culturel marocain en s'inspirant de la riche tradition populaire. D'ailleurs, une fondation baptisée «Ahmed Tayeb Laâlej pour le théâtre, le zajal et les arts populaires» a été créée par la famille et les amis du célèbre artiste. Cette fondation a pour objectif notamment la préservation de l'œuvre plurielle de ce grand homme ainsi que la publication de l'ensemble de ses écrits touchant plusieurs domaines. «Le défunt était un génie ayant enrichi la culture marocaine, mettant en avant ses contributions, d'une valeur culturelle inestimable, notamment dans les domaines du théâtre, du zajal et des études portant sur les arts populaires et les contes», a témoigné Mustapha Kabbaj, secrétaire général de cette fondation. Ahmed Tayeb Laâlej restera un symbole authentique de la culture marocaine. L'enterrement et les funérailles ont eu lieu dimanche dans sa ville natale, Fès. Que Dieu ait son âme en Sa sainte miséricorde !