Elles sont deux jeunes filles, elles fixent du regard celui qui les a torturées, violées et leur a subtilisé, il y a quelques mois, tout ce qu'elles portaient sur elles, Du coup, tout le calvaire qu'elles avaient subi leur passe par la tête. Nous sommes à la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. À son vingt-huitième printemps, Ahmed est déjà un repris de justice. Pour vol simple, il avait purgé une première peine d'emprisonnement de trois mois fermes pour complicité au vol qualifié, il avait été emprisonné, pour une deuxième fois, durant une année et enfin pour vol qualifié, coups et blessures, menace à l'arme blanche et consommation de la drogue, il avait été incarcéré pour une durée de deux ans de prison ferme. Et le voici pour une quatrième fois devant la justice, poursuivi pour de lourdes accusations : viol, vol qualifié, coups et blessures et consommation de la drogue. Seulement, il nie ces charges retenues contre lui. «Je suis innocent, M. le président… Je ne connais pas ces filles qui m'accusent de viol», clame-t-il haut et fort. Bien sûr personne ne croit ses paroles. D'abord, parce qu'il a déjà avoué ses crimes devant les enquêteurs de la police judiciaire. Ensuite, parce que les deux jeunes filles n'avaient aucun intérêt à l'accuser de tels méfaits. «Je venais de descendre du grand taxi pour emprunter la route qui mène chez moi. Il n'y avait personne quand il m'a obligée sous la menace de couteau de lui céder», affirme une des jeunes filles aux trois juges. Il l'a conduite vers un cagibi. «Il m'a donné des coups de poing pour m'obliger à me dénuder», ajoute-t-elle les larmes aux yeux. Il l'a violée et lui a dérobé son téléphone portable, sa bague en or et une somme de trois cents dirhams avant de l'abandonner. La deuxième jeune fille a précisé que le mis en cause l'avait attaquée quand elle était de retour de chez sa tante qui demeure non loin de chez elle. Il était 20h. Il lui a mis un couteau sous son aisselle et lui a demandé de lui céder. Craignant d'être tuée, elle l'a laissé faire derrière la porte d'une maison. À elle aussi, il lui a dérobé le téléphone portable et une somme modique. Verdict : Dix ans de réclusion criminelle.