Ils sont encore jeunes. Saïd est âgé de vingt-huit ans. Mustapha est son aîné d'un an. Ils se sont rencontrés, par hasard, il y a quelques mois. Ils sont encore jeunes. Saïd est âgé de vingt-huit ans. Mustapha est son aîné d'un an. Ils se sont rencontrés, par hasard, il y a quelques mois. Toutefois, ce n'est pas par hasard qu'ils se sont retrouvés tous les deux dans le box des accusés, mais parce qu'ils ont formé un duo, sans pitié, qui commet toute sorte de crimes. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Il n'y a pas trop de monde à la salle d'audience l'après-midi de ce jeudi de la dernière semaine du mois de février. Une quinzaine de personnes semblent avoir occupé les sièges. «Je suis innocent», se disculpe Saïd, un colosse, brun, portant un tricot noir et un blue-jeans. Son ami, Mustapha, nie également les accusations de constitution d'une association de malfaiteurs, vol qualifié avec récidive, coups et blessures et consommation de la drogue. Au contraire, selon le procès-verbal de leur audition par la Police judiciaire, ils ont perpétré plusieurs crimes d'agression doublés de blessures. D'abord, ils sont tous les deux repris de justice. Saïd a déjà purgé deux peines d'emprisonnement de quatre mois et d'un an ferme pour vol simple et consommation de drogue. Son ami, Mustapha, quant à lui, est passé à trois reprises par la prison d'Oukacha pour y purger des peines fermes pour vol également. «Je n'ai jamais connu Saïd», affirme Mustapha devant le président de la Cour et ses deux assesseurs. En effet, les trois victimes qui se sont succédé à la barre pour présenter leurs témoignages confirment avoir être agressées par les deux, Saïd et Mustapha. Il en est ainsi pour cette femme à qui ils ont arraché un sac à main renfermant la somme de mille dirhams, une bague en or et un téléphone portable. «Ce brun m'a giflée et a mis son couteau sur ma nuque, M. le président», atteste-t-elle. Idem pour ce jeune homme qui sortait d'un restaurant-bar situé au centre-ville. Tous les deux lui ont subtilisé son téléphone portable, une somme de trois cents dirhams et un PC portable qu'il portait sur lui. Ils lui ont même arraché ses lunettes. «Je venais de dîner avec mes amis et je m'apprêtais à aller ouvrir ma voiture qui est stationnée à l'autre bout du boulevard quand ils m'ont attaqué», précise-t-il devant la Cour. La troisième victime qui a perdu son argent et son téléphone portable précise devant la Cour qu'ils l'ont blessée à l'aide d' un couteau quand elle a résisté. Ces trois victimes, parmi plusieurs qui n'ont pas assisté à l'audience, ont poussé un soupir de soulagement quand elles ont entendu le président de la Cour prononcer son verdict : Cinq ans de réclusion criminelle.