À son vingt et unième printemps, Mohamed est déjà un repris de justice. Relâché, il a repris son parcours criminel en perpétrant des kidnappings et viols de jeunes filles. En conséquence, il a écopé de douze ans de réclusion criminelle. «Je suis innocent, M. le juge». C'était la phrase que Mohamed n'a cessé de répéter tout au long de son interrogatoire par le juge. Est-il vraiment innocent ? Nous sommes à Settat. La salle d'audience réservée à l'examen des affaires criminelles à la chambre criminelle près la Cour d'appel était archicomble. Mohamed se tenait au box des accusés. À son vingt et unième printemps, il a déjà purgé trois peines d'emprisonnement pour des vols simples. Mais, cette fois-ci, les accusations étaient lourdes. Il semble que son incarcération ne l'a pas rééduqué. Au contraire, elle lui a permis de devenir un pro de la criminalité. Désormais, il est poursuivi pour tentatives de kidnapping, pour attentat à la pudeur sur une mineure et vols simples. Des crimes qu'il avait commis à Berrechid dans un laps de temps très réduit. «Cette fille est une prostituée, M. le président», a répondu Mohamed à l'une des questions du président de la Cour. Au contraire, le procès-verbal a souligné que la victime, encore mineure, n'a jamais été une prostituée. Elle venait de sortir de chez elle pour aller au centre-ville quand elle a croisé Mohamed. Celui-ci l'a obligée, sous la menace d'un couteau, à l'accompagner. Où ? Elle n'en savait rien. Mais, selon les déclarations de Mohamed, consignées dans le procès-verbal, il avait l'intention de la violer. «Elle est une menteuse, M. le président. Je lui ai demandé de m'accompagner de son plein gré pour coucher ensemble contre une somme d'argent. Mais elle s'est abstenue cette fois-ci. Je ne sais pas pourquoi », a-t-il déclaré devant la Cour. Seulement, la fille qui était à son dix-septième printemps a affirmé à la Cour que Mohamed l'avait violentée, lui avait subtilisé son téléphone portable et quatre cents dirhams et qu'il avait tenté de la violer. Heureusement, elle a résisté au point qu'elle est arrivée à sauver sa peau. En fait , cette mineure n'était pas sa seule victime. Selon le procès-verbal, deux filles étaient ensemble quand deux jeunes hommes, Mohamed et son frère, leur ont barré le chemin. Ils ont essayé de les kidnapper. Ils ont d'abord maltraité l'aînée et lui ont dérobé son téléphone portable et un billet de deux cents dirhams avant qu'elle n'arrive à se sauver. Mais, les deux frères ont gardé la benjamine entre leurs mains. Ils l'ont conduite vers un terrain vague et l'ont violée à tour de rôle. «Non, M. le président. Les deux filles sont des prostituées. Moi et mon frère leur avons demandé de nous accompagner pour faire l'amour. Mais, la benjamine a refusé. Je ne sais pas pourquoi», a-t-il rétorqué devant la Cour. A chaque fois, il traitait ses victimes de prostituées pour se disculper. Par contre, les deux filles ont affirmé devant la Cour que Mohamed et son frère les ont blessées à l' arme blanche. Mohamed n'attaquait pas uniquement les filles, mais aussi les hommes. À ce propos, un employé qui empruntait son chemin à destination de chez lui après avoir quitté son travail avait déposé une plainte contre un jeune homme qui l'a agressé sauvagement. Dans sa plainte, cet employé a expliqué que le mis en cause lui avait dérobé son téléphone portable et cinq cents dirhams avant de le blesser à l' arme blanche. Bien qu'il ait écouté ses victimes, Mohamed s'est disculpé devant la Cour. Il les a traitées de menteurs. Mais, la Cour n'a pas cru ses paroles et l'a jugé coupable pour les accusations qui lui ont été attribuées par le parquet général. Après les délibérations, la Cour l'a condamné à douze ans de réclusion criminelle.