«Mon engagement est non seulement d'empêcher que les officinaux perdent de l'argent, mais encore de leur permettre d'en gagner», a déclaré le ministre de la santé en préambule à la réunion au cours de laquelle il a rendu publiques, mercredi à Rabat, les conclusions des réunions qu'il a conduites avec les opérateurs des activités liées au médicament. S'adressant aux représentants des fabricants et des distributeurs du produit pharmaceutique, il a reconnu que la règlementation qui régit ces professions est obsolète et que «depuis 43 ans, elle n'a connu aucun changement alors même que l'exige l'enchérissement des matières premières et celui des nouvelles thérapeutiques». Le ministre qui s'est félicité de l'approche participative qui a abouti à la plate-forme présidant à la refonte du cadre des professions du médicament, a annoncé la mise en œuvre de nouveaux arrêtés pour règlementer le circuit du pharmaceutique. Il s'est prononcé pour un juste prix du médicament. Un prix «qui prend en compte le pouvoir d'achat des citoyens et les capacités financières des caisses d'assurance maladie» et qui de surcroît «prend en compte des réalités industrielles et des intérêts des maillions de la chaîne de distribution des médicaments». Se tournant vers le banc des pharmaciens, Lhoussaine Louardi a affirmé : «Ces pharmaciens vivent une situation économique difficile et mon département est pleinement mobilisé pour les écouter et les accompagner en vue d'améliorer leur situation». Il a ajouté que la baisse des prix des médicaments ne touchera en rien à la marge des officinaux. Cette baisse, a-t-il précisé, se décline en deux étapes dont la première verra «la baisse immédiate» de 320 spécialités pharmaceutiques qui ont pour caractéristique d'être chères (plus de 500 DH) et utilisées pour des maladies graves comme le cancer, l'hépatite, l'infarctus du myocarde… La 2ème étape, a ajouté le ministre, porte sur le cadre légal et règlementaire des professions du médicament. Il s'agit, a-t-il précisé, de la refonte de la règlementation de fixation des prix à laquelle on n'a pas osé toucher depuis plus de 43 ans et autour de laquelle plusieurs principes font d'ores et déjà consensus. Il a ainsi annoncé un projet de texte réglementaire qui étendra la baisse des prix à «un plus grand nombre de médicaments». Cependant, a-t-il tenu à faire remarquer, cette extension de la baisse sera accompagnée de garde-fous afin de préserver les intérêts des officines. Il a jugé que cette réforme aura, en outre, pour effet d'offrir un cadre propice à l'investissement et donc pour conséquence de booster l'industrie du médicament. Des sources proches du ministère ont précisé le contenu de ces nouvelles dispositions et déclaré que la baisse des prix des 320 spécialités retenues dans le cadre de la 1ère étape pourrait atteindre 50% dans certains cas. Elles ont évalué les dépenses des ménages pour ces médicaments à 827.004.819,00 dirhams. Elles ont également affirmé que la 2ème étape portera sur un nombre plus grand de produits, «ce qui améliorera remarquablement l'accessibilité aux soins et aux médicaments». Ces mêmes sources rappellent que des mesures d'accompagnement ont été mises en œuvre, citant le respect des circuits légaux de la distribution dans les cliniques ainsi que la distribution des vaccins. Elles ont également mis en évidence la création d'un observatoire chargé du suivi de l'approvisionnement du marché en produits pharmaceutiques et le contrôle de l'utilisation de certains produits médicaux. Elles ont, en outre, estimé que l'arrêté sur l'homologation des produits génériques et celui relatif à la pharmacopée sont autant de pas en direction de la clarification du cadre médical et pharmaceutique. «Le ministère veillera à ce que le passage à la baisse – qui a déjà commencé- se fasse sans anicroches, notamment sans rupture d'approvisionnement du marché», ont conclu ces fonctionnaires du ministère de la santé.