Que répondre à cette question ? Être francs et (s') avouer que «oui à l instar de bien des pays nous le sommes», se voiler la face et se dire que «non, pas du tout, c'est un faux procès que l'on nous fait» ou bien faire une réponse militante et revendiquer la diversité de notre Nation pour lutter contre cette tendance au rejet de l'autre qui forcément nous atteint en ces temps de «repli identitaire», et utiliser cette pluralité qui fait de nous des «Arabes entièrement à part» pour agir encore et toujours contre le racisme... Nous sommes pluriels, c'est indéniable et c'est une force, une chance, ne sommes-nous pas le seul pays arabe à avoir inscrit cette diversité dans le préambule de notre Constitution ? Et pourtant dans nos comportements, dans notre langage, gestes et réflexions à caractère raciste pullulent : dans notre façon de vivre ensemble où l'on peut parler de comportements tribalistes, où l'on ressent un racisme de classe latent : au mépris du pauvre réagit la haine du riche... dans notre manière de parler de nos compatriotes de confession juive où l'on peut, hélas, encore entendre «ihoudi hachak...». Mais que dire de cette vague de racisme qui aujourd'hui semble nous submerger vis-à-vis des «Subsahariens» que l'on traite de façon ouvertement raciste et envers lesquels nos attitudes n'ont hélas rien à envier aux thèses du FN en France. Comme nombre de Marocain(e)s de France ou d'autres pays européens, j'ai fait de la lutte contre le racisme la cause première de mon engagement. Faut-il le rappeler, nous avons organisé la «Marche contre le Racisme» de Marseille à Paris, devenue par la suite célèbre sous le nom de Marche des Beurs. Faudra-t-il que dans notre pays, des marcheurs chaussent leurs baskets pour faire un Lagouira-Tanger contre ce même fléau qu'est le racisme ? Faut-il rappeler à certains que le racisme n'est pas une opinion mais bel et bien un DELIT D'OPINION ? Les associations de lutte contre le racisme au Maroc n'ont guère d'audience, ne faut-il pas réfléchir à la création d'un grand Mouvement, ne serait-il pas utile d'inscrire dans la Loi le délit de racisme ? On ne peut laisser cette gangrène progresser sans (ré)agir ! Utilisons nos spécificités humaines, culturelles, géographiques, rebondissons à partir de notre Histoire, mettons en avant nos spécificités, notre diversité, notre sens du partage pour faire de la pédagogie, pour sensibiliser, pour éduquer… ou bien notre tolérance si réputée risque de ne plus être qu'une légende. La devise de l'association, à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir «Marocains Pluriels», est : «A la confluence des Hommes, des Cultures, des Idées…» , plus que jamais il faut en faire un slogan national pour aller dans les écoles, les lycées, les facs, les quartiers, pour réaliser des programmes télés et radios, pour demander à la presse de lancer de grands débats sur le sujet du rejet de l'Autre et le combattre ! Nos intellectuels, nos hommes politiques ont-ils pris la mesure du défi, eux que nous n'entendons guère. Marocain(e)s réveillons-nous et mettons le racisme hors la loi, c'est notre devoir si nous souhaitons être à la hauteur de celles et ceux qui ont bâti notre pays !