ALM : Avec une seule loi organique et quelques autres lois au compteur, le bilan législatif de la dernière session a été maigre. Comment l'expliquez-vous ? Rachid Talbi Alami : Au cours de la session d'avril nous avons adopté une seule loi organique qui est celle des nominations des patrons des établissements publics. Mais il ne faut pas oublier que nous avons également adopté la loi de Finances plus quelques autres projets de loi. Ce bilan s'explique par le contexte qui a marqué les travaux du Parlement durant la dernière session. Je ne dirais pas que celle-ci fut une session extraordinaire mais disons qu'elle n'a été tout à fait ordinaire. Mais il faut préciser que le gouvernement assume une grande responsabilité dans cette situation. Nous constatons que l'Exécutif conduit par le PJD n'a pas une visibilité. De même, le gouvernement Benkirane a retiré du Parlement durant la dernière session pas moins de 60 projets de loi hérités de l'ancienne législature sous prétexte de les adapter à la nouvelle Constitution. Mais aucun de ces textes retirés n'a été remis dans le circuit d'adoption pour des raisons que nous ignorons toujours. Les différents groupes parlementaires ont déposé des propositions de loi mais encore une fois une seule proposition émanant du PJD a été adoptée. Pourquoi ? Il faut tout d'abord préciser que le gouvernement ou plutôt la majorité gouvernementale néglige souvent les propositions de loi émanant de l'opposition. Le groupe du RNI a déposé pas mal de propositions, notamment un texte sur l'auto-emploi baptisé «bidaya». C'est un projet très ambitieux qui vise à lutter contre le chômage en facilitant la création d'entreprises pour les jeunes. Mais c'est un projet de loi qui n'a jamais été programmé par la commission concernée pour des raisons encore ambiguës. Mais le gouvernement, par le biais du ministre chargé des relations avec le Parlement, critique les absences répétées des députés… Ces critiques sont tout juste du n'importe quoi. Les députés sont toujours présents que ce soit lors des sessions des questions orales ou durant les travaux des commissions. C'est le gouvernement qui doit prendre des mesures pour améliorer le rythme du travail législatif. Dans ce cas, les groupes parlementaires vont suivre et l'adoption des textes de loi se fera plus vite. Mais cela ne veut aucunement dire que nous allons tout accepter juste pour adopter plus de lois.