Après le débat houleux sur les cahiers des charges de l'audiovisuel, le ministre de la communication, Mustapha El Khalfi, a récemment émis un projet de décret sur l'aide à la production des œuvres cinématographiques, la numérisation, la modernisation et la création des salles de cinéma, ainsi que l'organisation de festivals de cinéma. Bien que ce texte encourage la liberté de création, des voix se sont élevées pour exprimer leur intention de défendre les bonnes valeurs dans les salles de cinéma et les festivals. C'est le cas de Mohamed El Hilali, vice-président du Mouvement unité et réforme (MUR), relais du Parti de la justice et du développement, qui a décidé d'appeler un chat un chat, en matière des œuvres cinématographiques audacieuses, lors du 8ème forum national de la jeunesse de la justice et du développement qui s'est tenu récemment à Tanger. «Le MUR continuera à se lancer dans la défense des bonnes valeurs dans les salles de cinéma et les festivals», a-t-il martelé. Il semble, à partir de ces propos, que le combat qui serait mené par les islamistes contre les productions cinématographiques serait dur. Preuve en est le long-métrage «Un film» de son réalisateur Mohamed Achaour, qui n'a pas été censuré puisqu'il a reçu un visa de distribution favorable du Centre cinématographique marocain, et a même été primé au Festival national du film de Tanger en 2011 et au festival tunisien de Nabeul en 2012, mais qui s'est vu refuser les recettes après production par la Commission d'aide à la production cinématographique nommée par le pjdiste Mustapha El Khalfi, ministre de la communication. Cette censure pourrait s'expliquer en partie, selon Omar Belkhemmar, critique de cinéma, par le fait que ces œuvres cinématographiques sont réalisées avec l'aide de l'Etat et des deniers publics, car plusieurs films internationaux osés, et même plus osés, sont distribués dans notre pays sans problème. «Le gouvernement actuel va fort probablement imposer, à travers son ministère de la communication, une certaine censure sur les films marocains osés à travers le projet de décret, adopté par le Conseil de gouvernement, relatif à la définition des conditions et procédures d'aide à la production cinématographique qui a pourtant parmi ses objectifs d'encourager la liberté de création et l'ouverture sur le monde», avance-t-il. «Chose qui signifie que celui qui désire faire un film osé n'a qu'à se chercher d'autres ressources ou qu'il le fasse avec ses propres moyens, ce qui est quasiment impossible du moment que les salles de cinéma se font de plus en plus rares au Maroc et que la production cinématographique ne draine plus d'investissements», a enchaîné M. Belkhemmar qui a estimé que, malgré la hardiesse exagérée et non justifiée artistiquement de certains réalisateurs marocains, et au lieu de censurer la création cinématographique, il vaudrait mieux éduquer le téléspectateur marocain à l'image, dès son jeune âge, surtout que dans l'époque actuelle, et grâce à l'Internet, il peut recevoir et voir même des films pornographiques sur l'écran de son téléphone portable.