Voulue ou subie l'amorce de tassement des activités de construction durant le 2ème trimestre ? La question a son importance dans le contexte actuel de crise économique et financière mondiale. Car aléatoire, l'inflexion à la baisse de l'immobilier constatée par les conjoncturistes peut laisser penser que le secteur couve quelque chose de malsain. Probablement une espèce de «fièvre espagnole» qui, comme dans le pays voisin, araserait les plus fiers édifices de l'économie et de la finance. Résultat d'actions volontaristes, le recul de la pierre veut dire que le Maroc a pris la mesure du risque de déstabilisation économique et sociale que représente un immobilier boulimique mû par la seule logique du profit. En fait, beaucoup de marqueurs indiquent que les autorités monétaires ont sciemment pris des mesures susceptibles d'éviter à l'économie nationale le syndrome des surprimes. Une note du Haut-Commissariat au Plan verse dans ce sens. Pour établir le ralentissement des activités de construction, «principal socle de la croissance économique au début 2012, (qui) auraient affiché au deuxième trimestre une inflexion de leur dynamique enclenchée à la mi- 2011», elle fait remarquer que les signes de cette décrue auraient été relevés au niveau de l'utilisation des matériaux de construction. Exemple : le matériau par excellence, le ciment, dont les ventes se seraient rétractées de 7,9% (hors effets saisonniers), en comparaison avec le premier trimestre. Ce recul serait dû à l'effet combiné de différents facteurs. Le 1er étant l'appréciation du bâti dont la valeur s'est envolée du fait des encouragements prodigués à la construction au moyen de l'action publique. Le 2ème étant la relative simplification de l'octroi du crédit au logement dit social. Mais sur ce plan, l'effet d'entraînement est en train de s'essouffler. Ce que la note du HCP dit ainsi : «La demande globale adressée au secteur aurait été, également, tempérée par le retrait des crédits immobiliers destinés aux promoteurs, tandis que ceux des ménages auraient maintenu leur tendance ascendante». En sorte qu'il s'en est suivi une baisse des tensions qui s'étaient manifestées sur le marché de l'immobilier et qui avaient dopé les prix dans un passé récent. Durant le premier trimestre, l'évolution de l'indice des prix des actifs immobiliers est ressortie à seulement 0,2% contre 0,9% précédemment. Un indicateur tout au plus. En creux, c'est la valeur ajoutée globale du secteur qui, selon le HCP, «aurait régressé de 0,3% au deuxième trimestre, après une hausse de 3,1% auparavant». Ce qui fait qu'en rythme annuel la progression aurait avoisiné 5,1%. Néanmoins les perspectives ne sont pas aussi généreuses qu'il y paraît. Le comportement des promoteurs pourrait ralentir cette croissance. Depuis le mois de juillet, des signes avant-coureurs laissent présager un tassement plus prononcé des activités du bâtiment. La raison ? La contraction des prêts immobiliers. D'ores et déjà, le financement bancaire se fait sélectif à friser la rétention, ce qui entraîne la baisse des investissements. Le HCP juge en effet que ce sont les promoteurs qui sont les plus touchés par les restrictions imposées par les banques commerciales. L'action de ces dernières étant elles-mêmes limitées par la banque centrale dont le wali a souvent dit son intention de veiller au grain afin d'éviter la spéculation qui engendre la surchauffe et le dérapage, l'offre devrait moins augmenter que la demande. Conséquence prévisible : les prix devraient repartir à la hausse. Mais, il n'est pas sûr que les acheteurs suivent avec le bel entrain d'antan à un moment où les effets de la crise mondiale se font de plus en plus contraignants. La consommation du ciment en repli en juin L'évolution de la consommation nationale du ciment du mois de juin 2012 a enregistré un écart négatif de 5,29% pour une vente totale avoisinant les 1.404.825 tonnes. C'est ce que relève la fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) dans sa dernière publication relative aux principaux indicateurs du secteur de l'immobilier. Les plus fortes baisses de consommation du ciment à fin juin 2012 ont été observés à Guelmim-Smara (-36,95%), Taza-Al-hoceima-Taounate (-29,36%), Oued Ed-Dahab-Lagouira (-27,53%), et Sous-Massa-Draâ (-23,34%). En revanche, le pic de la consommation a été observé dans la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, soit une évolution de 36,05 % par rapport au même mois de l'année précédente. Suivi de la région de Chaouia-Ouardigha dont la consommation du ciment s'est améliorée de 15,23 % comparativement à juin 2011.