Quand il a mis, en 2003, les pieds sur le sol italien, il rêvait de retourner à son pays natal, le Maroc, avec suffisamment d'argent pour se marier, avoir des enfants et s'acheter une voiture et un appartement pour assurer son avenir et celui de sa petite famille. Hélas, rien de tout cela n'a pu se réaliser. Neuf ans plus tard, il s'est retrouvé dans le box des accusés, à la Chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida, avec un crime sur le dos. C'est à Torino qu'il avait commis son crime sur un autre Marocain, un sourd-muet qui a rejoint légalement, en 2007, sa famille installée en Italie depuis 1998, contrairement au mis en cause qui y a atterri clandestinement. En fait, il est né à Sidi Bennour, la même ville que sa victime. Dès les études primaires, il a tourné le dos à l'école. Après quelques années à errer dans les ruelles de Sidi Bennour, il a décidé d'aller à Casablanca pour essayer de gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa mère, la seule personne qui le prenait en charge. Par l'intermédiaire d'un jeune homme, il a accédé au port de la capitale économique. Depuis, il y a décroché un petit boulot lui permettant une petite entrée financière. Au fil des mois, il a remarqué des jeunes qui s'infiltraient à l'intérieur des paquebots ou des bateaux de commerce pour émigrer clandestinement vers l'Europe. Pourquoi pas lui ? C'est la question qui commençait à tarauder son esprit. Avec le temps, elle commence à prendre la forme d'un vrai rêve. Pour le réaliser, il a décidé de voyager vers Tanger où en 2003 il a réussi à s'infiltrer sous un camion remorque en partance pour l'Espagne. Effectivement, il est arrivé à Barcelone. Mais, il n'y est pas resté, il a pris le train pour rallier l'Italie. Et il a commencé une nouvelle vie. Il a fait la connaissance de quelques Marocains qui lui ont appris les astuces pour rester loin des yeux de la police et gagner sa vie. Cependant, tout a basculé en ce 14 février 2009. Il était dans un restaurant-bar à Torino quand un malentendu a éclaté entre lui et un autre Marocain. Rapidement, les injures ont cédé la place aux mains. Aussitôt, le mis en cause a perdu ses nerfs et s'est emparé d'une bouteille qu'il a cassée et avec le tesson il a asséné un coup au cou de son protagoniste avant de prendre la poudre d'escampette. La victime a rendu l'âme dans un hôpital de Torino. Quant au meurtrier, il a réussi à retourner aussi clandestinement qu'il est parti, à son pays où il a repris une vie normale et circulait en toute liberté à Khouribga, à El Jadida et à Sidi Bennour. C'est le frère de la victime qui a regagné, également, le Maroc à sa recherche. Il l'a repéré enfin à Sidi Bennour et l'a arrêté avant d'alerter la police. Outre le juge d'instruction près la Cour d'appel d'El Jadida, le mis en cause a été interrogé par le procureur de la République italienne près la Cour d'assise et trois policiers italiens. Verdict : Quinze ans de réclusion criminelle.