Le dérapage de Federico Trillo, le ministre de la Défense espagnol, est-il un acte isolé, un acte manqué ou le premier acte d'une pièce de théâtre électorale anti-Moros, raciste donc, dont notre pays occupe, encore une fois, le premier rôle ? Le dérapage de Federico Trillo, le ministre de la Défense espagnol, est-il un acte isolé, un acte manqué ou le premier acte d'une pièce de théâtre électorale anti-Moros, raciste donc, dont notre pays occupe, encore une fois, le premier rôle ? Nos amis Espagnols, dont notamment Ignacio Cembrero d'El Pais , avec lequel nos atomes sont de plus en plus crochus depuis que l'on fréquente ensemble les tribunaux, nous ont toujours estimés - et ce n'est pas un euphémisme - pour notre franchise. Nous leur avons toujours dit le fond de notre pensée, et ils le savent. Alors quand le fond de notre pensée rencontre celui de la pensée de leur ministre de la Défense, on sent comme une légère convergence intellectuelle qui flatte notre hispanité naturelle. C'est vrai que si l'îlot Leïla était espagnol, ils auraient pu pêcher chez nous tout le poisson, qui, d'ailleurs, n'existe plus. Mais le problème, malgré les épanchements coloniaux, du Señor Trillo n'est plus là. Il est bien ailleurs. Il est dans sa tête. Voilà comment ça se passe. Les élections en Espagne se gagnent à droite de la droite. Pas au centre. Un discours patriotard anti-marocain, un tantinet guerrier, avec un zeste raciste et un trait de nostalgie coloniale fait gagner des voix. Le Partido Popular (PP) d'Aznar n'est ni une démocratie chrétienne à l'européenne, ni un parti centriste à l'UDF, ni, non plus, quelque chose comme l'ancien RPR ou l'actuel UMP à la française. Pour rester délicieusement dans une analogie hexagonale, il faut le comparer à un Front national de Jean-Marie Le Pen avec un peu plus de succès. Le topo est clair. Le PP espagnol s'est construit sur les ruines idéologiques du franquisme et de ses ramifications. Sa thématique, son tropisme et ses pulsions sont marqués par une rhétorique « fascisante » et coloniale que la conversion formelle à la démocratie n'a pas encore tout à fait entamée. Il faut du temps. Et pour ce qui nous concerne, il va falloir attendre, et surtout, souffrir jusqu'à l'arrivée au PP d'une nouvelle génération de cadres plus décomplexés, plus modernes et plus sûrs d'eux idéologiquement. Le PP de papa, c'est du militarisme, du populisme et de la démagogie. Cela fait 8 ans que l'on goûte à ce cocktail dans nos relations bilatérales. Le résultat est connu. Ce n'est pas la peine de revenir là-dessus. Maintenant, plus la campagne électorale va s'accélérer, plus les dérapages et les coups bas seront nombreux. En Espagne, c'est dans la nature des choses. Plus c'est gros, plus ça passe. Ils ont capables de tout pour barrer la route, notamment aux socialistes du PSOE. Et, pourtant, le PP au pouvoir c'est quoi ? À part quelques progrès économiques payés par Bruxelles, c'est, justement, la perte d'influence et la marginalisation de l'Espagne en Europe, l'alignement atlantiste contre nature de ce pays à l'égard de l'Administration Bush, l'exacerbation du fait autonome régional géré autoritairement, une dégradation écologique sans précédent, un développement spectaculaire de la haine et du racisme, et surtout une perte d'influence dans le monde arabe et une dégradation sans précédent, malgré les discours cosmétiques de part et d'autre, entre l'Espagne et son voisin incontournable du Sud, à savoir le Maroc. C'est ça, le bilan d'Aznar et de sa clique. Comment voulez -vous, comme mon ami Ignacio Cembreo, qui lui est, avec son journal, pour la marocanité de l'îlot Perejil, que je ne vote pas Zapatero ? Je vais me gêner, tiens !