Les Sahraouis marocains de l'intérieur pensaient que si autonomie il y a, ils sont les mieux placés pour en assurer la gestion. Que cherche l'Algérie en proposant la partition du Sahara marocain ? Les visées d'Alger sont claires. Cette option, refusée catégoriquement par le Maroc, permet d'abord à Alger d'enterrer la troisième voie, à savoir l'autonomie sous souveraineté marocaine. Une solution pourtant soutenue par l'ONU et les puissances occidentales puisqu'elle est censée régler définitivement et équitablement un conflit vieux de plus de 25 ans. Ni vainqueur, ni vaincu. Ensuite, l'Algérie ne veut pas le règlement du problème, elle cherche à faire perdurer la tension dans la région, histoire de faire diversion dans une stratégie de surenchère permanente. Enfin, les séparatistes et leurs protecteurs ne sont plus sûrs de rien avec cette la troisième voie. Car il n'est pas certain qu'une éventuelle autonomie soit conduite automatiquement par les éléments du Polisario. Les Sahraouis marocains de l'intérieur, acquis à la cause marocaine, pensaient que si autonomie il y a, ils sont les mieux placés pour en assurer la gestion ne serait-ce que parce qu'ils sont plus nombreux. Et puis, ils sont chez eux dans les provinces sahariennes, sous le drapeau marocain. Puisque nous ne pouvons pas obtenir le gâteau, tout le gâteau, eh bien négocions son partage. Un raisonnement confondant de simplisme, d'ignorance des réalités. Les manœuvres d'Alger dans ce dossier ne trompent aujourd'hui plus personne. Partie prenante depuis toujours dans une affaire où le Polisario n'est qu'une marionnette et un instrument pour parvenir à ses fins, l'Algérie a dévoilé son jeu en abattant sa dernière carte. Alors, suivons le raisonnement d'Alger jusqu'au bout. De quelle partition s'agit-il ? D'emblée, il convient de faire cette remarque fondamentale : on ne partage pas un territoire comme on partage un gâteau surtout une terre comme le Sahara marocain avec une mosaïque de tribus complexe. Aucun Marocain n'accepterait un tel marchandage, encore moins abandonner un arpent de terre ou un grain de sable du Sahara marocain. Alors que cherche Alger ? Le voisin versatile et néanmoins encombrant veut, en montant de toutes pièces cette supercherie qu'est le Polisario, un accès direct à l'Atlantique. Mais l'Algérie ne précise pas quel territoire arrangerait ses intérêts. Tris Al Gharbia dont une partie dépend de la Mauritanie mais où erre le Polisario (l'autre partie est marocaine, Dakhla et Aoussered, récupérée le 14 août 1978) ne donne pas accès à la mer. En vérité, l'Algérie lorgne sur les régions de Laâyoune, Tarfaya ou Boujdour qui, elles, sont côtières. Une telle configuration permettrait à l'Algérie de faire d'une pierre deux coups : donner naissance à un État-croupion, pas viable pour un sou et obtenir pour elle-même la dimension de pays atlantique. Au-delà, le Maroc, ainsi dépecé, serait privé de sa profondeur stratégique africaine. Quelle extravagance. C'est ce qu'on appelle prendre ses désirs pour des réalités. Fantasmez, fantasmez, il en restera toujours quelque chose.