Au Parlement, une minorité de Représentants et de Conseillers travaille sérieusement. La majorité, par contre, fait à peine de la figuration, sans le moindre respect pour ses électeurs. Le phénomène de l'absentéisme flagrant des parlementaires jette le discrédit sur l'action de leur institution qui, rappelons-le, représente le symbole de la démocratie dans tous les pays. Certes, tous les élus du peuple ne sont pas concernés. Mais une grande majorité d'entre eux est coupable. Prenons l'exemple de la loi antiterroriste. Elle est incontestablement celle qui a soulevé le plus de remous. Aussi bien, au sein de la société civile, que sur la scène politique nationale. Fortement médiatisé, le vote de cette loi en séance plénière devait, en principe, attirer un maximum de conseillers. Sur les 270 Conseillers que compte la Chambre, seuls 96 ont fait le déplacement pour assister au débat et partant voter le texte. Les deux tiers des Conseillers étaient inscrits aux abonnés absents. Dans la Chambre des Représentants, quelques jours plus tôt, le taux d'absentéisme était plus grave. Sur les 325 députés de la nation, seule une soixantaine avait assisté à la séance plénière de discussion et de vote. Les exemples ne manquent pas. Pas plus tard qu'hier, jeudi 3 juillet, la Chambre des Représentants, toujours en séance plénière, a procédé au vote du fameux code du travail. Ce texte concerne, de manière directe, des centaines de milliers de Marocains. Et pourtant, leurs représentants ne se sont pas faits bousculer dans les couloirs du Parlement. Ils étaient à peine 85 à voter, dont une trentaine du PJD. Les 240 autres manquaient à l'appel. En dépit de ce laisser-aller total, les parlementaires continuent, pourtant, à exiger davantage de privilèges. Actuellement, un membre d'une commission parlementaire touche, en plus de sa rémunération qui dépasse les 30.000 DH, une prime mensuelle qui varie entre 3.000 et 4.500 dirhams. Mais tous les membres n'assistent pas aux travaux des commissions. Malgré cela, les présidents des commissions ainsi que le bureau des Chambres ne disposent d'aucun moyen de les obliger à assister. En outre, les partis de la majorité négocient actuellement avec le gouvernement, notamment le Premier ministre et le ministre des Finances, un certain nombre d'avantages matériels. C'est le cas des primes de transport, de l'exonération des droits de dédouanement des véhicules et autres indemnisations. Cette avidité porte sérieusement atteinte à l'image de marque de l'Institution parlementaire. Le plus grave, c'est que ces mêmes Députés et Conseillers stoppent toute tentative de mise en place d'un système dissuasif contre l'absentéisme.