Marco Pantani est décédé samedi dernier. Les circonstances de sa mort n'ont pas encore été élucidées. Une autopsie effectuée, lundi, devait apporter les premiers éléments de réponse. Le monde du cyclisme est en deuil. Marco Pantani, grande figure du cyclisme italien, a été retrouvé mort samedi soir dans un hôtel dans la station balnéaire de Rimini. Le décès de l'ex-vainqueur du Tour de France et du Giro a provoqué un choc terrible dans les milieux sportifs. «C'est une tragédie aux proportions énormes pour tout le monde du cyclisme», a déclaré le sprinter Mario Cippolini, champion du monde de l'édition 2002. « Je ne peux pas trouver de mots». Même Umberto Bossi, chef du Parti populaire de la ligue du nord et ministre chargé des Réformes, n'a pas pu cacher sa grande peine. «Pantani s'est laissé mourir». Les causes du décès de ce grand cycliste n'ont pas encore été élucidées. Dimanche, le médecin légiste avait indiqué que Pantani avait succombé à un arrêt cardiaque. Ce qui est sûr c'est que des produits contre la dépression ont été trouvés dans sa chambre. La presse italienne parle également de traces de cocaïne. Une autopsie pratiquée, lundi, devait apporter les premiers éléments de réponse sur les causes de la mort du cycliste italien. Les premiers résultats devaient être connus en fin d'après-midi, mais il faudra attendre plusieurs jours pour que lumière soit faite sur cette tragédie. La mort de Pantani, à l'âge de 34 ans, a surpris plus d'un. L'entraîneur de l'équipe nationale de cyclisme d'Italie, Franco Ballerini, n'arrive pas encore à réaliser la disparition de l'un des cyclistes qui ont marqué le plus le cyclisme italien et mondial. «C'est quelque chose de si énorme, cela semble incroyable», a-t-il déclaré. Accusé de dopage, au summum de sa carrière, il a vu son image de grand champion ternie. Les ennuis de Pantani ont commencé, en fait, un an après son sacre. Évincé du Giro 99 à cause d'un taux d'hématocrite élevé, alors qu'il portait le maillot rose de leader, Marco Pantani l'avait mal digéré. «Il a payé un élevé. Depuis quatre ans, il était au centre de la tempête», a souligné Felice Gimondi, son manager. Surnommé le Pirate en raison de son crâne rasé et de la boucle d'oreille qu'il portait, Pantani avait essayé, à plusieurs reprises, de retrouver sa place parmi les grands. Mais en vain. En 2003, Il avait participé à son dernier Giro. Le résultat était décevant, une 14e place. Déprimé, il sombra dans une profonde crise psychologique. Il se faisait hospitaliser dans une clinique spécialisée dans les maladies nerveuses. Et il ne s'en remettra plus. Tout au long de sa carrière entamée en 92, l'Italien, grimpeur racé, a été l'un des adversaires les plus redoutés par ses concurrents. Ses terrains de prédilection : les cols des Alpes, des Pyrénées ou encore les pentes du Mont-Ventoux. En 1998, il avait remporté et le Giro d'Italie et le Tour de France, pour devenir le premier Italien à s'imposer dans la Grande Boucle depuis Felice Gimondi, il y a 33 ans. «Je garde l'image de son étape des Deux-Alpes dans le tour 98 où il avait pris des risques insensés dans la descente du Galibier pour distancer l'Allemand Jan Ullrich», a réagi l'ancien coureur Bernard Thévenet, double vainqueur de la Grande Boucle. Pour sa part Jean-Marie Leblanc, directeur du Tour de France, la disparition de Pantani constitue une perte énorme pour le cyclisme mondial. Il a estimé que Marco Pantani était «sans doute le dernier grand grimpeur que l'on ait connu dans le Tour de France, dans le Tour d'Italie, dans le cyclisme». Avant d'ajouter «le vrai grimpeur, capable de faire des différences lors de ses démarrages dans la montagne». Acquitté par le tribunal de Tione en octobre, le Pirate avait laissé entendre que sa carrière de cycliste était finie. «Je fais toujours du vélo, juste pour tourner les jambes. Mais le cyclisme est la dernière chose à laquelle je pense. Je n'ai pas fréquenté de salle de sports depuis des mois. J'ai pris 15 kg et j'ai le physique d'un taurillon», avait-il déclaré. Ses derniers jours, le Pirate les a vécus tout seul. Selon le journal La Repubblica, ses derniers mots sur les feuillets laissés dans sa chambre d'hôtel, «ils ne voulaient punir que moi». Allusion faite au problème de dopage dans le cyclisme.