Un tabou de plus vient d'être brisé. La Commission d'arbitrage indépendante issue du Conseil consultatif des Droits de l'Homme ( CCDH) accepte l'examen du dossier du nationaliste Abdelkader Barrada, un des premiers disparus du Maroc indépendant. Feu Abdelkader Barrada, pour ceux qui ne le connaissent, était enlevé, devant sa maison à Tanger, un 16 août 1956, alors qu'il était un des pionnier du mouvement nationaliste marocain dans sa lutte contre le colonialisme franco-espagnol. Déjà, en 1934, il adhère à la Ligue française de défense des droits de l'Homme et du citoyen. Dans le même moment, il figure parmi les trois membres fondateurs du Comité de l'action nationale en compagnie de Allal El Fassi et Belhassan Ouezzani. En raison de sa lutte pour l'indépendance du Maroc et la défense des intérêts des déshérités, il fut exilé Télemsane, en même temps que les deux autres leaders nationalistes. Le défunt était également en étroite relation le Moujahid Mohamed Ben Abdelkrim Khettabi. Ceci étant lorsque Me Mohamed Haloui plaide, au nom de la famille Barrada, pour le rétablissement de la vérité sur la disparityion de cet éminent nationaliste, il ne le fait pas, tout comme la famille précitée d'ailleurs, par esprit de vengeance à l'égard de ses détracteurs, ceux qui l'ont enlevé de sa famille et de ses enfants , lui et son gendre Hammad Bouslikhane. Car ce qui compte dans cette affaire c'est la réconciliation des Marocains, tous les Marocains, avec leur histoire. Un message que le Conseil consultatif des droits de l'Homme a saisi dans toute sa profondeur humaine, en écoutant la plaidoirie de Me. Halaoui, qui était président de l'UNEM, dans les années soixante, après Hamid Barrada, fils du défunt, victime, probablement de, la première disparition forcée du Maroc indépendant. Bien entendu, cet acte doit être également d'une mesure de réhabilitation de la place et du statut qui reviennent à feu Abdelkader,ce grand nationaliste, qui non seulement était enlevé et liquidé, au su et au vu des autorités de l'époque, mais- plus grave encore - dont la famille a été dépourvu de ses biens et n'a jamais pu acquérir un certificat officiel faisant état de son décès. Nous y reviendrons.